#180 Lundi 18/04/2022

Je me suis donc bien préparé, pour avoir le moins de stress possible. Heureusement, j'avais déjà pas mal préparé de choses l'an dernier, puisque la pandémie nous avait laissé pas mal de temps libre, en réduisant drastiquement nos possibilités d'activités. J'ai donc pu réaliser les déroulements complets de toutes les célébrations de la Semaine Sainte, comme je le faisais en France, d'ailleurs, pour pouvoir relire, annoter, réviser tout cela plus simplement, sans avoir à jongler entre le Missel et le lectionnaire. C'est aussi une bonne façon d'intérioriser la liturgie... car même si dans quelques mois je vais fêter le 15e anniversaire de mon ordination sacerdotale, la Semaine Sainte n'est jamais une routine, surtout dans une langue étrangère !

J'ai la grâce de travailler avec des religieuses et des laïcs très engagés et désireux de bien faire, qui n'ont pas besoin de moi pour savoir ce qu'ils doivent faire, mais qui savent me demander mon avis quand c'est nécessaire... le bonheur ! Il me faut aussi tenir compte des petits particularismes locaux, qui font que les choses ne s'organisent pas tout à fait comme en France. Par exemple, j'ai eu un gros coup de stress en pensant aux bougies des fidèles pour la veillée pascale... mais à Po Thom on m'a expliqué tout simplement que la plupart des gens apportaient leurs propres bougies ! Et à Areyksat, nous avons un stock de bougies qui sont laissées régulièrement aux pieds de la Vierge Marie... donc pas de problème !

Les célébrations se sont toutes très bien passées, avec bien sûr de mon côté quelques bafouilles et erreurs de prononciation, ou des oublies vites rattrapés... Il faut dire que pour la première fois, j'ai dû célébrer tout en double, entre Po Thom et Areyksat, soit environ 12h00 de célébrations cumulées en quatre jours... J'avoue avoir terminé dimanche sur les rotules ! Hier soir je me suis couché à 20h avant de me réveiller ce matin à 5h... Fatigué, mais heureux, avec les fidèles, d'avoir pu retrouver une certaine normalité dans nos célébrations, même si les masques et les distributeurs d'alcool à l'entrée des églises nous empêchent encore d'oublier le Covid-19 !

Je vous partage ci-dessous quelques photos des différentes célébrations de cette Semaine Sainte, à Po Thom et Areyksat.

À Areyksat, la célébration du Vendredi Saint a eu lieu à 15h, suivie par le chemin de croix dans la rue principale du village, les différentes stations étant des maisons de fidèles. Pour la Veillée pascale, afin de pouvoir faire les deux lieux, j'ai commencé à 17h00 à Po Thom (donc malheureusement il ne faisait pas encore nuit), et j'ai ensuite célébré à 20h00 à Areyksat, après une énorme averse d'orage qui a duré de 19h à 20h, soit exactement de la fin de la première veillée au début de la deuxième... la pluie s'est arrêtée juste au moment d'allumer le feu pascal d'Areyksat !

Je n'ai pas vraiment d'idée concernant l'affluence à ces célébrations, puisque je manque de points de comparaison... je sais que les églises étaient pleines, plus que pour les dimanches ordinaires, et que j'ai croisé des visages que je ne connaissais pas... Il faut dire aussi que jeudi, vendredi et samedi le Cambodge célébrait son Nouvel An, ce qui fait que des familles se sont regroupées à cette occasion, et que j'ai eu des participants à mes offices qui ne sont pas des habitants habituels. C'était un peu à double tranchant : jeudi, vendredi et samedi étaient des jours officiellement fériés, donc très bien pour faciliter la participation aux offices, mais ces jours de Nouvel An sont aussi généralement des jours où la nourriture et l'alcool sont consommés en abondance, et parfois en excès, et où l'ambiance n'est pas vraiment à la prière et au recueillement ! Célébrer le Vendredi Saint avec comme fond sonore la musique de boîte de nuit du voisin, c'est toujours un peu compliqué... Nous sommes donc officiellement entrés dans l'année 2566, sous le signe du Tigre de bois, selon l'horoscope khmer. L'an prochain, ce sera sans doute plus simple, car le Nouvel An tombera pendant l'Octave de Pâques, la semaine qui suit Pâques.

J'avoue que cette année j'ai fait l'impasse sur le Nouvel An khmer : habituellement, surtout dans les paroisses où il y a beaucoup de fidèles khmers, comme Po Thom, on célèbre la messe pour le Nouvel An. Cette année, j'ai considéré que Pâques devait l'emporter, et je n'avais de toute façon pas l'énergie pour en faire plus ! J'ai demandé à l'équipe pastorale ce qu'ils en pensaient... ils ont semblé d'accord...

Pour cette semaine, on ne va pas tout à fait retrouver le rythme ordinaire puisque jeudi et vendredi matin nous allons faire des opérations de donation d'aide alimentaire pour les familles en difficulté à Areyksat et à Po Thom à l'occasion de Pâques et du Nouvel An khmer. D'ailleurs, si vous voulez faire un don pour soutenir ces aides que nous faisons régulièrement, n'hésitez pas... en ces temps de déclaration des revenus, je vous rappelle que vous pouvez déduire ces dons de vos impôts, en passant par les Missions Étrangères de Paris. Tout est expliqué sur cette page... (cliquez ici).

De plus, samedi prochain à Areyksat, nous célébrerons la messe solennelle pour le 14e anniversaire de la découverte providentielle de la première statue de la Vierge Marie dans le Mékong. Là encore, nous reprenons les bonnes vieilles habitudes, avec cette messe qui sera présidée par Mgr Bruno Cosme, administrateur apostolique de Kompong Cham, et ce pour la première fois depuis que le Saint Père lui a confié cette responsabilité. Habituellement, c'est-à-dire avant le Covid-19, ces célébrations donnaient lieu à de grands pèlerinages venus du Vietnam (plusieurs dizaines de bus faisaient l'aller-retour entre Saïgon et Areyksat dans la journée), avec une affluence de plusieurs milliers de fidèles... Cette année, bien que les frontières soient de nouveau ouvertes, il n'y aura sans doute pas une très grosse affluence venue du Vietnam... on verra bien...