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#121 Lundi 01/03/2021

Mgr Yves Ramousse, Mgr Émile Destombes et Mgr Antonysamy Susairaj, en 1998 à St Joseph, Phnom Penh (photo perso.)
Mgr Yves Ramousse, Mgr Émile Destombes et Mgr Antonysamy Susairaj, en 1998 à St Joseph, Phnom Penh (photo perso.)

Chers amis,

 

La semaine qui vient de s'écouler a une nouvelle fois été marquée par l'épidémie de Covid 19, qui est malheureusement en accélération au Cambodge, et qui a provoqué le décès de Mgr Yves Ramousse, ancien Vicaire apostolique du Cambodge, qui était retiré en France, à Montbeton.

 

Décès de Mgr Yves Ramousse (1928-2021)

J'ai consacré une page spéciale de ce site à Mgr Ramousse (cliquer ici), dans la catégorie "Aînés dans la foi" que je vous invite à consulter si vous voulez en savoir plus sur ce grand serviteur de l'Église et du Cambodge, décédé à 93 ans, après 58 ans d'épiscopat. Il était le Vicaire apostolique de Phnom Penh quand j'ai vécu les 2 années de coopération ici qui ont donné à ma vie une orientation toute nouvelle. À l'époque, il était aussi en charge de la préfecture apostolique de Battambang (nord du Cambodge) et partageait la charge de Phnom Penh avec Mgr Émile Destombes, qui venait d'être ordonné comme son coadjuteur. C'est pourquoi j'ai plus eu à travailler avec Mgr Destombes, mais quand Mgr Ramousse était à Phnom Penh, nous déjeunions tous les midis ensemble, tous les trois.

 

Décembre 1997... une partie de la Route Nationale 5 entre Phnom Penh et Battambang...
Décembre 1997... une partie de la Route Nationale 5 entre Phnom Penh et Battambang...

C'est aussi avec Mgr Ramousse que j'ai fait mon premier voyage à l'intérieur du Cambodge : alors que j'étais arrivé dans le pays depuis quelques semaines, Mgr Ramousse m'a proposé de l'accompagner alors qu'il allait passer quelques jours à Battambang pour les fêtes de Noël. À l'époque, la route nationale 5 qui va de Phnom Penh à Battambang comportait de grandes sections qui n'étaient même pas goudronnées (comme sur la photo ci-contre), et le trajet de 280 kilomètres prenait la journée entière. Ce fût mon baptême du feu des routes cambodgiennes, et je me souviens avoir été très impressionné par cet évêque de 69 ans, faisant ce trajet si difficile chaque mois au volant de sa Jeep pour aller rejoindre le peuple dont il avait la charge. À l'époque, Battambang était aussi le siège du grand séminaire du Cambodge où étudiaient 7 ou 8 séminaristes (dont 4 furent par la suite ordonnés prêtres).

 

En avril 2017, de retour du Pèlerinage diocésain des Jeunes à Lourdes, j'avais fait un détour par la maison de retraite des Missions Étrangères de Paris à Montbeton (82) pour y rencontrer Mgr Ramousse et discuter avec lui de mon projet de venir au Cambodge comme prêtre fidei donum. Cet échange avait été très chaleureux et j'avais découvert avec émotion que malgré la distance, Mgr Ramousse restait en grande communion avec l'Église du Cambodge, grâce à une correspondance avec plusieurs personnes, et qu'il continuait à lire la Parole de Dieu et à prier en khmer tous les jours. Malgré son parcours extraordinaire, ou peut-être en raison de ce parcours extraordinaire, il était un homme d'une grande simplicité et d'une grande humilité. Avec son décès, l'Église du Cambodge gagne au ciel un intercesseur infatigable qui va continuer à porter cette Église à qui il avait donné sa vie.

 

Épidémie de Covid 19

Comme vous le voyez sur le graphique ci-contre, l'épidémie a connu une brusque accélération ces derniers jours, même si évidemment les chiffres restent très faibles par rapport à ce qui peut être vécu en France ou ailleurs. Nous en sommes au 28 février à 820 cas détectés, dont 343 en cours (hospitalisés ou en centres de quarantaine fermés). Sur ces 820 cas, 336 ont été détectés depuis le 20 février, suite à la "fuite" de plusieurs ressortissants chinois qui ont violé les règles de leur quarantaine pour aller faire la fête avec des amis dans plusieurs bars et discothèques de la ville. Bilan : ces très nombreuses contaminations, qui concernent beaucoup de membres de la communauté chinoise à Phnom Penh, mais aussi des cas qui se sont diffusés dans la province de Kandal et à Sihanoukville (ville côtière qui compte une très forte présence chinoise). Déjà que les Khmers sont très remontés face à ce qu'ils perçoivent comme une invasion chinoise ces dernières années, cette contamination due à l'inconscience et à l'égoïsme de ressortissants chinois ne vient pas améliorer le fort sentiment anti-chinois d'une grande partie de la population locale... D'ailleurs, le Premier Ministre (très proche, pour ne pas dire à la botte du pouvoir chinois) a appelé à ne pas stigmatiser les Chinois au Cambodge...

 

En conséquence, de nombreux lieux de loisirs et de culture (cinéma, musées, karaoké...) sont fermés, ainsi que les établissements scolaires de Phnom Penh, de la province de Kandal et de Sihanoukville, pour 2 semaines au moins (jusqu'au 8 mars si tout va bien)... Le Premier Ministre a demandé la plus grande prudence à tous les habitants, mais n'a pas souhaité fermer les lieux de culte ou interdire les rassemblements (mariages, funérailles...). À Phnom Penh, l'évêque a demandé d'annuler les messes du dimanche matin des trois principales paroisses (St Joseph, l'Enfant-Jésus et St Pierre & St Paul) qui attirent et "brassent" le plus de fidèles, venus de différentes parties de la ville. Pour ma part, à Areyksat et Po Thom, nous avons célébré presque comme d'habitude, mais avec un renforcement du respect des mesures barrières (masques et distanciation) qui s'était un peu relâché ces derniers temps. À Areyksat, qui voit venir aussi des fidèles d'autres lieux, nous avons acheté un appareil qui mesure la température et distribue automatiquement de l'alcool sur les mains pour les désinfecter. Chaque personne qui veut accéder à l'église est ainsi contrôlée et désinfectée, et elle ne peut entrer que si elle porte un masque. À l'intérieur comme à l'extérieur de l'église, les emplacements pour s'asseoir sont espacés... À Po Thom, où il y a moins de monde et moins de "brassage", nous insistons sur le port du masque, et du gel hydroalcoolique est à disposition à l'entrée de l'église. Mais ce dimanche, il y avait particulièrement peu de monde... Nous avons aussi mis en place un QR code qui permet à chaque personne de s'enregistrer (en scannant ce code avec son téléphone portable) en rentrant dans un lieu pour être ensuite contactée en cas de contamination dans le lieu : c'est le "Stop Covid" cambodgien.

 

Nous ne savons pas encore comment les choses vont évoluer, et si les mesures très strictes d'isolement des personnes testées positif vont permettre d'endiguer la diffusion du virus. Tout le monde est très inquiet et on sent, surtout dans la ville de Phnom Penh, une certaine tension. Plus on s'éloigne de la ville, moins cela est présent. Il suffit de faire quelques kilomètres dans la campagne pour voir disparaître les masques et tomber sur une noce ou un banquet de funérailles avec plusieurs dizaines de personnes agglutinées sans masque ni distanciation...

 

En Mayenne

Au moment où je rédige ces lignes, j'apprends aussi le décès de Dom Joseph Deschamps, ocso, ancien Père Abbé de l'Abbaye Notre-Dame du Port-du-Salut (de 2003 à 2018) d'Entrammes, décédé hier du covid 19. Il était le Père Abbé quand j'étais curé de la paroisse St Benoît-les-Rivières au milieu de laquelle se trouve l'abbaye, et dont le nom de "St Benoît" a été choisi en fonction de la présence de cette abbaye au coeur des 8 communes de la paroisse. Chaque année, j'avais la joie de rencontrer la communauté à plusieurs reprises, et c'était toujours un bonheur. Un beau partenariat, qui se poursuit, avait aussi été mis en place entre la communauté et des paroissiens pour l'accueil des SDF. Que le Seigneur veille sur Dom Gérard (l'actuel Père Abbé) et toute cette communauté.

 

Je vous laisse pour aujourd'hui. Portons-nous les uns les autres dans la prière. À la semaine prochaine.

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