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#044 Lundi matin 22/07/2019

La cathédrale Notre-Dame de Saïgon (Vietnam).
La cathédrale Notre-Dame de Saïgon (Vietnam).

Chers amis,

 

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas ! En fait, il y a parfois des semaines où j'ai l'impression d'avoir vécu deux semaines en une seule, et c'est le cas de celle qui vient de s'écouler !

 

Lundi et mardi, études à Phnom Penh, de mercredi à vendredi, voyage au Vietnam, et de vendredi après-midi à dimanche, travail en paroisse, avec mon premier baptême cambodgien, et le décès d'une paroissienne d'une trentaine d'année.

 

Voyage au Vietnam

Comme la photo ci-contre vous le montre, j'ai passé quelques jours à Ho-Chi-Minh-Ville (Saïgon) au Vietnam, non pas pour faire du tourisme, mais pour faire des courses ! En effet, auprès de l'église d'Areyksat, nous avons un petit magasin de souvenirs et d'objets de piété (statuettes, chapelets,...), pour les chrétiens cambodgiens et pèlerins de passage. Une partie importante des produits que nous vendons sont achetés au Vietnam, car il y a là-bas une production importante, et des prix intéressants. La présence modeste de l'Église catholique au Cambodge fait que nous n'avons pas beaucoup de fabricants de ce genre d'objets. Notre stock étant presque épuisé, et un magasin aux étagères vides n'attirant pas les clients, il nous fallait refaire le stock.

 

Décision a donc été prise de faire un rapide aller-retour à Saïgon, où de nombreux vendeurs sont installés. En fait, même si on change de pays, il ne faut pas oublier qu'il n'y a que 250 km entre les deux villes, et qu'un aller retour en bus (tout à fait confortable, avec de la place car sur chaque rangée, il n'y a que trois sièges) ne coûte que 15 €. J'ai fait le voyage avec les deux religieuses vietnamiennes qui sont en mission dans ma paroisse. Cela a grandement facilité et accéléré les choses, car elles connaissent bien la ville, ont des connexions avec différentes personnes et différents lieux... bref, je n'ai eu qu'à me laisser porter !

 

Malgré les années de guerre que le Vietnam a connu, les églises n'ont pas été victimes de destruction comme cela a été le cas au Cambodge. Sans doute que le communisme vietnamien n'a pas eu la même folie destructrice que le communisme cambodgien des Khmers rouges. Aussi, il y a à Saïgon de très belles églises du XIXe siècle et du XXe siècle. J'ai pu en découvrir 3 : l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours (paroisse des Rédemptoristes), l'église Notre-Dame de Fatima et la cathédrale Notre-Dame (fermée pour travaux). En fait, j'avais déjà eu l'occasion de visiter l'église des Rédemptoristes et la cathédrale lors de mon précédent voyage au Vietnam, en 2009.

 

En ce qui concerne les produits, je ne peux comparer ce que j'ai vu à Saïgon qu'à Rome ! Il y a énormément de magasins, certains très grands (presque comme un supermarché français), et d'autres tous petits (notamment autour de l'église ND de Fatima. On se croirait presque à Lourdes ! Et les prix sont vraiment très bon marché. Bien sûr, les prix en Dong vietnamien sont impressionnant (il faut 26 000 dongs pour 1 €) et on se retrouve avec des factures de plusieurs millions, mais c'est vraiment intéressant. Par exemple, on trouve ici des chemises "clergyman" de très bonne qualité pour la moitié du prix de ce qu'on peut trouver en Europe ! Bien entendu, le prix de la main d'oeuvre en Asie du Sud-Est n'est pas le même... Ce qui est étonnant, c'est que même au Vietnam, dans les boutiques, on trouve aussi des produits "made in Italy"... authentiques ou copies, là est la question !

 

Nous avons pu refaire le stock, et les produits nous ont été apportés quelques jours plus tard à domicile par des chrétiens de Saïgon qui venaient en pèlerinage à Areyksat... même pas besoin de payer les frais de port ! Je suis toujours admiratif pour la débrouillardise des gens ici ! À cela s'ajoute que, ayant fait le voyage avec des Vietnamiennes, je suis allé mangé dans des restaurant ou petites gargotes où je n'aurai sans doute jamais mis les pieds si j'avais été seul ! Occasion de déguster quelques plats étonnants, comme un ragoût de grenouilles (j'ai mis un peu de temps à identifier la viande que je mangeais, mais les os m'ont bien aidé) !

Activités en paroisse

Après mon retour en paroisse vendredi milieu d'après-midi, j'ai repris les activités. Essentiellement cette semaine autour des baptêmes, car j'ai plusieurs demandes de célébrations de baptêmes de petits enfants. La pratique est différente dans les deux communautés dont j'ai la charge : à Po Thom, l'habitude est de célébrer les baptêmes pendant la messe dominicale, et à Areyksat, plutôt le samedi. Ce dimanche, j'ai célébré mon premier baptême cambodgien (mon 423e baptême depuis mon ordination diaconale !), celui d'une petite fille de 2 mois 1/2, dont le prénom de baptême est Lucie.

 

Nouveau sacrement, et donc nouveau rituel, avec comme toujours un gros travail en amont pour être capable de lire de manière assez fluide, et surtout sans faire de fautes, les prières du rituel. Après le Missel et le Rituel du Baptême des petits enfants, il va me falloir me mettre rapidement à celui du Mariage et des Funérailles chrétiennes.

 

 

 

 

En effet, comme dans toutes les paroisses, les naissances et les décès, les baptêmes et les funérailles, s'entremêlent. Samedi soir, un jeune de la paroisse me demande de bien vouloir l'accompagner pour aller prier auprès de sa tante et la bénir avant qu'elle ne parte en ambulance vers le Vietnam. Je découvre que cette femme d'une trentaine d'année est inconsciente, et que les médecins cambodgien ont dit à la famille qu'il n'y avait plus d'espoir... mais la famille a quand même décidé de l'emmener dans un hôpital réputé à Saïgon. Me voilà donc au bord de la route à monter dans l'ambulance pour bénir cette femme avant son départ. Dimanche matin, j'ai appris qu'elle était décédé peu de temps après son arrivée à l'hôpital dans la nuit, et que le corps était de retour au village, et que la crémation aurait lieu dimanche après-midi... Avec le P. Chatisrai, nous sommes allé faire un temps de prière à la maison de la défunte, avant la crémation. Ici, il n'y a pas toujours de funérailles à l'église, car compte-tenu du climat, on fait les choses très vites quand il y a un décès. Cette femme avait perdu l'an dernier son fils aîné, mort à cause de la dengue, maladie qui l'a elle aussi emportée. C'est là aussi que je vois la grande différence qui existe au Cambodge entre les personnes, suivant les ressources et la possibilité d'accès aux infrastructures de soin. Elle laisse un mari et une fille d'une dizaine d'année, visiblement complètement perdue et ne réalisant pas bien ce qui se passe. C'était déchirant. Ce qui est très beau, c'est la solidarité et la présence nombreuse des chrétiens autour de cette famille : de nombreux jeunes étaient là pour prier et soutenir le veuf et sa fille.

 

Après la prière auprès du corps, j'avais une réunion à quelques centaines de mètres, pour encaisser des loyers ! Eh oui, il y a ça aussi dans la "fiche de poste" que je découvre un peu au fur et à mesure, n'ayant visiblement pas eu toutes les informations clairement par mon prédécesseur. Il se trouve qu'il y a de cela presque 20 ans, l'Église a acheté un terrain pour permettre à des familles chrétiennes de faire construire leurs maisons et d'y vivre. Aujourd'hui, ce sont 18 familles qui versent une fois par an un loyer (très modeste, moins de 20 € pour un an), et le prêtre doit aller sur place pour recevoir l'argent, et signer le bail pour l'année à venir. L'Église n'est propriétaire que du terrain, et chaque famille y a construit sa maison. Avec la perception du loyer, il y a aussi une réunion pour entendre les doléances, et c'est pourquoi j'avais demandé au P. Chatsirai de venir, car j'avais peur, avec raison, de ne pas tout comprendre. Dans cette communauté villageoise, où certains hommes ont un réel problème d'alcool, le ton peut parfois monter très haut, dès qu'il est question de limite de terrain et de gestion de l'espace commun. En effet, dans cette sorte de lotissement, la ruelle principale est assez étroite (on ne peut y passer qu'en moto), et il y avait visiblement un problème avec 2 familles qui ont empiété sur l'espace commun en construisant des extensions à leur maison. Il va falloir revérifier tout cela avec le Conseil pastoral pour garder la paix dans ce village catholique.

 

Nouvelle semaine...

La semaine qui s'ouvre devrait être un peu plus calme, avec un rythme plus habituel. Dimanche prochain, je célébrerai dans la troisième église dont j'ai la charge, une petite église qui n'était plus utilisée depuis plusieurs mois, car elle avait été inondée l'an dernier. J'y célébrerai aussi 2 baptêmes pendant la messe.

 

À la semaine prochaine !