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Libération | Cambodge, le réveil amnésique d’un pays

 En quelques années, Koh Pich est devenu le QG de la jeunesse de Phnom Penh. (Photo Morgan Fache. Item)
En quelques années, Koh Pich est devenu le QG de la jeunesse de Phnom Penh. (Photo Morgan Fache. Item)

Par Arnaud Vaulerin, envoyé spécial à Phnom Penh — 6 janvier 2019 à 20:16

 

A l’image de sa capitale, Phnom Penh, le royaume, qui commémore ce lundi les 40 ans de la fin du génocide khmer rouge, est en pleine transformation. Mais malgré les progrès économiques, les inégalités s’accroissent, tandis que la mémoire des crimes de l’ancien régime communiste est reléguée au second plan.

 

On pourrait commencer ici l’histoire du Cambodge d’aujourd’hui. Sur le pont Monivong qui enjambe la rivière Bassac à Phnom Penh. Il y a quarante ans, c’est par cette route nationale 1 que sont entrées les forces vietnamiennes dans la capitale cambodgienne. Au moins 110 000 combattants expérimentés et équipés venaient chasser les Khmers rouges, responsables de la mort d’au moins 1,7 million de personnes entre avril 1975 et janvier 1979, l’un des pires génocides du XXe siècle.

 

Ce 7 janvier 1979, un homme fait son retour au pays dans les camions des soldats de Hanoi : Hun Sen, ancien commandant khmer rouge qui, un an plus tôt, avait fui les purges de Pol Pot (frère numéro 1 du régime). Quarante ans plus tard, à 66 ans, il est toujours là, plus que jamais. Indéboulonnable Premier ministre, autocrate, sûr de son fait et fier d’être à la tête d’un pays à la croissance arrogante de 7 % et à la jeunesse conquérante, où les moins de 30 ans représentent près de 70 % de la population.

 

Hun Sen doit présider ce lundi aux commémorations de la «libération» du pays dans le stade olympique. Et se poser à nouveau en petit père du peuple khmer et d’un pays propulsé dans une métamorphose qui a des airs de rupture et de fuite en avant.

 

Il n’y a qu’à se promener dans Phnom Penh pour être saisi d’un vertige. En 1979, l’ancienne «perle de l’Asie» promue par les colons français du XIXe siècle était comparée à Guernica et à la Belle au bois dormant, selon l’ex-journaliste Khieu Kanharith, devenu ministre de l’Information. Si cette dernière image est juste, la première est erronée. Durant la terreur khmère rouge, Phnom Penh n’a pas été bombardé à l’instar de la ville espagnole. Les «révolutionnaires de la forêt» ont abandonné la capitale après l’avoir vidée de toute sa population en l’espace de deux-trois jours. Un fait quasi unique dans l’histoire des guerres.

 

Dans l’est de la capitale, un ancien marécage est devenu un quartier branché et embourgeoisé surnommé «Diamond Island». (Photo Morgan Fache. Item)
Dans l’est de la capitale, un ancien marécage est devenu un quartier branché et embourgeoisé surnommé «Diamond Island». (Photo Morgan Fache. Item)

«Diamond Island»

Aujourd’hui, la capitale cambodgienne s’étend, s’élève, se maquille, se vend et s’oublie. «C’est une explosion. C’en est flippant car tout va très vite. Depuis cinq ans, c’est toujours plus haut, toujours plus cher», constate, les yeux écarquillés, Vannak Seng, le très affairé secrétaire général de la ville de Phnom Penh, qui met la main aux derniers préparatifs du 7 janvier. «Cette date est importante, poursuit ce parfait francophone de 36 ans qui a fait des études d’architecture à Paris pendant douze ans avant d’être recruté par les autorités cambodgiennes. Mes parents font partie de la génération sacrifiée par les Khmers rouges. Il faut se rappeler cela. Chaque année, c’est l’occasion d’un bilan, surtout après quarante ans.»

 

Alors aujourd’hui, où va le Cambodge du Premier ministre Hun Sen ? Pour le découvrir, on quitte le pont Monivong et la route nationale 1 pour gagner Koh Pich, presqu’île reliée par trois points, un ancien marécage, surnommé «Diamond Island». «Là, avant, il n’y avait que du sable et de l’herbe», raconte un des protagonistes de Diamond Island, le long métrage de Davy Chou, cinéaste franco-cambodgien qui a filmé les aventures du jeune Bora dans cette excroissance aussi surréaliste qu’effrénée. En une poignée d’années, un nouveau quartier a fait irruption : une réplique de l’Arc de triomphe parisien niché entre de hauts immeubles très grossièrement haussmanniens. Plus loin, des salons de mariage avec tentures, spots et paillettes, une piscine «écologique», des tours de 30 étages avec des appartements pour nouveaux riches et expatriés fortunés, de larges avenues arborées où circulent Rolls-Royce, Porsche et 4×4 Audi et Toyota. Plus loin, un parc d’attractions clinquant et bruyant. En attendant une tour de 500 mètres, déjà en chantier.

 

Et dans le prolongement, des bars et des terrasses en enfilade, ouverts sur le large et la brise du Mékong. C’est là que l’on croise Meng Lang, trentenaire francophone, tout en discrétion dans son jean gris serré, baskets et tee-shirt noir. Ce soir, elle n’est pas venue courir sur la jetée en bois, mais retrouver une amie infirmière autour de coques en sauce, de riz et de canard grillé.

 

Diamond Island fait figure de QG pour la jeunesse de Phnom Penh. Meng Lang y vient «au moins une fois par semaine». Médecin généraliste depuis 2015, elle est arrivée de l’ouest rizicole de Battambang il y a onze ans. «La ville a changé, s’est développée, elle est souvent embouteillée, est devenue plus chère, mais c’est vrai aussi que l’on gagne plus. La vie est meilleure qu’avant», dit la jeune femme, qui espère «encore plus de changements à l’avenir pour la couverture sociale». Pour elle, l’avant signifie le passé récent, pas les années 70. La date du 7 janvier «n’est pas plus importante que ça pour moi», reconnaît-elle, bien que plusieurs membres de sa famille aient été exécutés par les Khmers rouges. «Ça l’est beaucoup pour les anciens», croit-elle savoir. Mais elle n’a «jamais spécialement parlé de ce passé» avec sa famille. Et ne souhaite pas particulièrement se pencher sur la question.

 

Ce genre d’attitude désole Serey Soun, cadre lettré d’une institution internationale qui a choisi un pseudonyme pour ne pas risquer son poste. Il a vécu la «folie meurtrière» khmère rouge dans un village au nord de Phnom Penh. «J’avais 7 ans et faim tout le temps. Je devais travailler dans les champs. En cachette, j’avalais des racines, des insectes. Dès 1975, j’ai eu conscience que j’allais mourir. Il y avait tellement de gens tués, qui disparaissaient ou mouraient de faim et de maladie autour de nous. On vivait avec cette peur permanente, avec les "chlop", ces gamins espions formés par les Khmers rouges pour se cacher et découvrir les traîtres.»

 

Les troupes vietnamiennes entrent à Phnom Penh, le 7 janvier 1979. (Photo DR)
Les troupes vietnamiennes entrent à Phnom Penh, le 7 janvier 1979. (Photo DR)

«Pas de passé»

Les fantassins vietnamiens sont arrivés dans le village le 8 janvier. «On a fermé la porte. On se demandait : c’est qui ? C’est quoi ces casques, les Soviétiques ? rigole aujourd’hui le petit homme sec. L’école a rouvert. Le bonheur de pouvoir apprendre, la vie enfantine a repris, on jouait à cache-cache. On allait pêcher les poissons et les crustacés dans les rivières. Ils étaient énormes et nombreux, car pendant trois ans et demi plus personne n’avait pêché. Et aussi on pleurait quand on se retrouvait. On listait ceux qui ne reviendraient plus.» Derrière son Coca glacé, Serey Soun ne se fait plus d’illusions. «On a basculé dans autre chose. La majorité de la population se moque de cette histoire. Je ne peux pas le supporter. Des gens qui n’ont pas de passé ont du mal à aller vers le futur.»

 

Autour de lui, sur la terrasse de Vehaa, un restaurant établi dans un bel immeuble végétalisé signé de l’architecte Vannak Seng, l’effervescence est de mise. Au son d’un Happy Birthday synthétisé, les gâteaux d’anniversaire défilent, les fêtes s’enchaînent, les cadeaux affluent. Familles de la classe moyenne et groupes d’adolescents se retrouvent sous les étoiles. Aux abords d’une piscine de poche, des couples affalés sur des canapés se mirent dans leurs smartphones Huawei ou Samsung, squattent Facebook, premier média de masse du pays. Mais pas d’archives ni d’images sépia sur les écrans de ces jeunes Cambodgiens rêveurs.

 

Il faut être honnête, une forme d’indifférence polie s’est installée sur les années 70. Le passé khmer rouge ne s’invite plus beaucoup dans le présent. La dernière fois, c’était en novembre 2018. Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), un tribunal mixte chargé de juger les responsables khmers rouges depuis 2009, condamnaient Nuon Chea et Khieu Samphan (l’idéologue et l’ancien chef d’Etat des Khmers rouges) à la prison à vie pour génocide à l’encontre des Vietnamiens et des Chams, les Khmers de confession musulmane. La sentence n’a pas manqué de questionner. «Bien sûr que j’ai été content d’entendre le verdict, même si je regrette que l’exécution ne soit pas possible. Il est important que le mot "génocide" soit employé, mais ce sont tous les Cambodgiens qui ont été victimes de ce crime», rappelle Sen Usman, représentant des Chams sur la presqu’île de Chroy Changvar, une longue et large langue de terre entourée par le Mékong et le Tonlé Sap. Un gros millier de Khmers musulmans vivent là dans un quartier sorti de terre ces vingt dernières années. Smartphone à la main, cinq longs poils en guise de barbichette, ce quinquagénaire affable et élégant veut que le 7 janvier reste une «date mémorielle et que le tribunal continue de juger d’autres criminels». Rien n’est moins sûr. Tout laisse à penser que les CETC n’iront pas au-delà de la condamnation de Nuon Chea, Khieu Samphan et de «Douch», le directeur du centre de torture S-21. «Le gouvernement, qui compte d’anciens Khmers rouges, ne veut pas de nouveaux procès, assure un ancien employé du tribunal. Ça n’a pourtant pas de sens que l’on s’arrête à ces trois condamnés seulement. Que l’on juge au moins les chefs des zones géographiques responsables de milliers de morts.»

 

Jeunesse diplômée

Un autre passé vient d’être mis en avant par la propagande. Le 29 décembre, devant un million de personnes et sans lésiner sur les moyens, le patriarche Hun Sen a inauguré le Win-Win Memorial : un obélisque de 54 mètres de haut pour célébrer la démobilisation des derniers Khmers rouges il y a juste vingt ans et défendre leur intégration dans la société. Et pour mieux s’ériger en protecteur de l’unité nationale retrouvée. Coût : 10 millions d’euros pour un monument qui emprunte beaucoup à la geste communiste et si peu aux ornements végétaux du temple Angkor Vat. Plus mégalo que jamais, Hun Sen a fait sculpter sur la stèle des bas-reliefs sur les grands moments de sa carrière. Lui qui est déjà présent sur des millions de pancartes électorales du Parti du peuple cambodgien qui constellent tout le territoire. Premier ministre depuis 1985, il s’est enkysté au pouvoir, en trafiquant les urnes et les listes. Au fil des ans, il est devenu l’incarnation d’un système autoritaire et népotique, miné par la corruption et la censure. «Il a tué la démocratie en faisant fermer les journaux, en arrêtant les opposants, note Serey Soun. Puis, il y a un an, il a fait dissoudre le Parti du sauvetage national du Cambodge [une coalition d’opposition, ndlr] de Kem Sokha et Sam Rainsy. Au fond, il est resté un Khmer rouge. On est foutus, il a placé ses enfants et sa famille partout et ses amis font pareil.»

 

Sans réelle opposition, l’Assemblée nationale est quasiment devenue une chambre d’enregistrement. Est-ce un symbole ? Depuis les grands boulevards, le bâtiment reste dans l’ombre des tours et des barres de Nagaworld, des casinos clignotants et des hôtels clinquants tenus par des Chinois.

 

Sen Usman, le leader des Chams voit, lui, Hun Sen en «homme de paix, en symbole d’unité qui a démoli le système des Khmers rouges en 1998». Il a tenu à raconter à ses trois enfants l’enfer khmer rouge dans la province de Kandal, le travail forcé et le sort de ses grands-parents, sa tante, et sa sœur, tous morts de faim. Il a transmis la «mémoire de la famille» à la génération d’après. C’est d’ailleurs son fils qui nous ramène au cœur de Phnom Penh. Au guidon d’un Piaggio blanc flambant neuf, il est chauffeur PassApp, du nom de cette application futée qui, à l’aide d’un smartphone, permet de localiser et de commander un tuk-tuk équipé d’un compteur, sans avoir besoin d’un compte en banque. Il nous dépose devant un bar de poche de Bassac Lane, au croisement de trois rues en voie de gentrification, à un jet de pierre du monument de l’Indépendance. Là se mêlent expats boboïsés, jeunesse aisée et derniers habitants pauvres entassés dans des maisonnettes à un étage. Un condensé du Phnom Penh d’aujourd’hui.

 

On y retrouve Phloeun Prim, 42 ans, globe-trotter et directeur polyglotte de la grande ONG Cambodian Living Arts. Son cheval de bataille : la pédagogie créative et la défense de la culture et de l’identité khmères. Sans le folklore et sans le nationalisme. Il a fui le pays en 1979 pour le Canada, où il a fait des études de gestion internationale. En 1998, il pensait revenir pour une seule année. «Mais le Cambodge m’a gardé et je me suis retrouvé.» Comme Vannak Seng, le secrétaire général de la capitale, Phloeun Prim fait partie des Cambodgiens revenus avec envie au chevet du pays. Il est de cette jeunesse diplômée, aisée et optimiste qui parie sur un «Cambodge porté par la vague». Dans ses propos, un mot revient en boucle pour qualifier le moment dans son intensité, sinon sa soudaineté : «Disruption.» Il prédit un «bouleversement total du pays. On n’est plus dans le normal, là. Tout va très vite, l’urbanisation massive, le développement du pays, les investissements chinois, etc.» Ni militant ni courtisan, Phloeun Prim porte au crédit du régime Hun Sen la «création d’une classe moyenne qui a envie de profiter de la croissance». Il cite l’augmentation du salaire minimum (150 euros environ pour une ouvrière du textile). «Tout le monde est entrepreneur à son niveau. Certes, il y a encore de la pauvreté, mais plus de la misère et du désespoir comme avant.» Vannak Seng insiste sur la «grande stabilité du pays».

 

Et pourtant. Cette «disruption» chère à Phloeun Prim est porteuse d’incertitudes sinon de peur. «Que va apporter ce développement ?» questionne-t-il, sans livrer de réponses toutes faites. Les campagnes du pays, encore enclavées et mal dotées, continuent de se vider au profit des faubourgs de la capitale ou de la Thaïlande voisine. Mais la grande crainte du moment est d’un autre ordre. Des docteurs aux bonzes, des étudiants aux entrepreneurs, elle s’exprime dans toutes les couches de la société : «l’invasion chinoise». Longtemps, les Cambodgiens ont été méfiants à l’égard des Vietnamiens, restés dans le pays pendant dix ans après le 7 janvier 1979 et accusés d’exploiter les ressources naturelles. Cette fois, ils constatent l’explosion des investissements chinois (4,8 milliards de dollars en 2016 et 7 milliards en projet) dans la construction, l’immobilier, synonyme à leurs yeux de dépossession, d’appauvrissement. «On assiste à l’émergence d’un Cambodge où la classe dirigeante a choisi les Chinois pour orienter l’investissement et le développement, voire assurer sa sécurité. C’est un assujettissement, une colonisation économique qui s’est mise en place», assure Serge Remy, directeur délégué de l’association Vimana en charge de l’urbanisme et de l’architecture, depuis vingt ans au Cambodge.

 

Le retour d’exilés cambodgiens, en 1979. (Photo Roger Pic. Adoc Photos)
Le retour d’exilés cambodgiens, en 1979. (Photo Roger Pic. Adoc Photos)

«Fausse paix»

C’est la peur du rouleau compresseur chinois, du déclassement et de la casse sociale qui s’exprime. L’écart entre les très riches et les pauvres est criant et croissant dans le royaume. «Avec l’arrivée des Chinois, j’ai peur de perdre de l’argent, de devoir déménager», raconte Keo Ratha devant un café noir et dense comme de l’encre. Il aura 40 ans cette année. Pommettes hautes et chemise étoilée rouge et jaune, cet enfant de la libération doute et survit. Père de quatre enfants, il peine à joindre les deux bouts comme photographe pour cérémonies et touristes. Avec son épouse, ils ne gagnent que 300 dollars (263 euros) par mois. En 2002, il avait déjà fui la pauvreté et sa province de Prey Veng pour s’installer à Phnom Penh, sur la presqu’île de Chroy Changvar. Il est à l’affût de petits boulots. Sans véritable espoir d’un lendemain chantant. «Dans le sushi bar d’à côté, le patron ne recrute que des employés parlant à la fois le khmer et le vietnamien», se désole-t-il. Et les premiers clients chinois ont fait leur apparition, faisant craindre l’arrivée imminente de travailleurs de la même nationalité. Keo Ratha fera-t-il les frais de la mondialisation qui frappe à la porte du resto de quartier ?

 

Avant le sushi bar, il y a la grande pagode Wat Chas avec ses belles dorures et ses majestueux banians. C’est là qu’en juillet 2016 des milliers de Cambodgiens ont rendu un dernier hommage à Kem Ley, commentateur politique fauché par deux balles. Quelques jours plus tôt, cet analyste engagé contre la corruption endémique avait chroniqué un rapport de l’ONG Global Witness, selon lequel 21 membres de la famille de Hun Sen avaient des participations dans plus de 100 entreprises du pays. Dans sa toge cuivre orangé, le bonze Doeun Duy rappelle la figure de Kem Ley. Et s’en prend aux «dirigeants qui ne changent pas dans ce pays», au «gouvernement qui ne respecte pas l’Etat de droit, qui laisse piller les ressources naturelles». Il reconnaît qu’«économiquement, le pays va mieux. Mais c’est normal, c’est le travail du gouvernement, non ?» Quarante après le 7 janvier 1979, il fustige la «fausse paix» qui règne dans le pays. «Les Cambodgiens sont-ils libérés ?» Il voit encore «beaucoup de pauvreté et d’inégalité» dans les rues.

 

On prend congé. La nuit tombe sur le Mékong. Diamond Island s’illumine comme un miroir aux alouettes. On s’échappe par la nationale 1.