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#077 Lundi matin 09/03/2020

Sr Marina faisant profession entre les mains de la Prieure du Carmel de Phnom Penh.
Sr Marina faisant profession entre les mains de la Prieure du Carmel de Phnom Penh.

Chers amis,

 

L'Église catholique au Cambodge est dans la joie, car nous avons célébré hier la profession de Sr Marina de la Miséricorde Divine dans l'Ordre du Carmel, au Carmel de Phnom Penh. Sr Marina est Coréenne, comme presque toutes les sœurs du Carmel de Phnom Penh, qui est une fondation du Carmel de Séoul. La profession d'hier était sa première profession, pour trois ans, avant la profession perpétuelle.

 

Avant la guerre, un Carmel existait déjà à Phnom Penh, fondation du Carmel de Saïgon, lui-même fondation du Carmel de Lisieux, ce Carmel de Saïgon où Ste Thérèse aurait tellement voulu aller. Ce premier Carmel de Phnom Penh a été vidé de ses sœurs au moment de la guerre et les bâtiment du monastère ont été finalement rasés l'année dernière...

 

L'actuel Carmel de Phnom Penh célèbre cette année son dixième anniversaire. Depuis quelques mois, une première jeune femme Cambodgienne est entrée comme novice au Carmel. Espérons qu'elle sera suivie par beaucoup d'autres, car dans la symphonie des vocations de l'Église du Cambodge, la vie religieuse contemplative est encore toute petite (le Carmel en est l'unique représentant) et nombreux sont les fidèles qui ne savent même pas que ça existe !

 

Vie paroissiale...

En ce moment au Cambodge, c'est la saison des mariages. C'est traditionnellement après la récolte du riz, pendant la période la plus "fraîche" de l'année, que les mariages sont célébrés. On peut se marier n'importe quel jour de la semaine. La date est souvent déterminée par un astrologue qui va choisir le meilleur jour en fonction des dates de naissance des futurs époux, pour maximiser les chances de bonheur et de réussite du futur foyer. Cette pratique est majoritaire chez les Cambodgiens bouddhistes, et malheureusement elle perdure parfois chez les chrétiens ! Il est parfois difficile de se débarrasser des superstitions !

 

J'ai actuellement trois mariages en préparation (dont un nouveau "mariage double"), et je célébrerai samedi prochain mon premier mariage avec le rituel spécifique développé ici pour les mariages, et qui inclus quelques symboles traditionnels, auxquels un sens chrétien a été donné. Je vous raconterai ça la semaine prochaine !

 

En ce temps du Carême, la prière se fait plus intense, notamment avec la prière du Chemin de Croix dans les églises d'Areyksat et de Po Thom, chaque vendredi en fin d'après midi.

 

Un futur incertain...

Comme je l'avais déjà évoqué, l'église d'Areyksat se trouve au milieu d'un village dont les habitants, Vietnamiens pour la plupart, sont dans une grande précarité. En effet, certains n'ont pas de titre de séjour, et pour certains aussi, ils occupent illégalement le terrain où ils ont construit leur petite maison (c'est en fait le cas de la majorité). Le Premier Ministre Hun Sen a annoncé il y a quelques semaines que le village d'Areyksat allait prochainement devenir la nouvelle zone de développement de l'agglomération de Phnom Penh, sur la rive gauche du Mékong. Bien entendu, ce développement est suspendu à la construction d'un pont qui permettra de passer du centre-ville de Phnom Penh à Areyksat sans avoir besoin des ferries qui font actuellement la traversée.

 

Même si nous ne savons pas exactement quand cela va se produire, on peut raisonnablement penser que cela se fera dans les dix prochaines années. D'ors et déjà, la spéculation immobilière (qui n'avait pas attendu ces récentes déclarations du Premier Ministre) va bon train dans le secteur... rendant impossible l'acquisition de terre par les "gens ordinaires". Nous savons donc que d'ici une dizaine d'année, il est possible que la paroisse d'Areyksat disparaisse. En effet, la plupart des fidèles habitent en bordure de fleuve, une zone qui sera très certainement vendue à des promoteurs immobiliers à plus ou moins court terme... les chrétiens seront donc expulsés, et l'Église elle-même sera peut-être expropriée (avec compensations ?). De toute façon, si tant est que notre église ne soit pas rasée, il n'y aura aucun intérêt à garder une église en activité au milieu d'un secteur dont tous les chrétiens auront été expulsés... Cela veut aussi dire que nous ne pouvons plus trop faire de frais sur cette église et son presbytère (qui en aurait pourtant besoin), car cela serait du gaspillage...

 

Comme je vous l'avais déjà dit, l'évêque a anticipé les choses en faisant l'acquisition d'un nouveau terrain à une dizaine de kilomètres au nord d'Areyksat, pour reconstruire un nouveau centre paroissial et un sanctuaire marial en capacité d'accueillir des groupes de pèlerins. Mais qu'en sera-t-il des chrétiens, des familles qui forment aujourd'hui la communauté paroissiale qui fait vivre ce lieu... c'est une question qui pour le moment n'a pas de réponse...

 

Voilà mon petit partage de cette semaine.

 

À la semaine prochaine !