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Ouest France | Cambodge. Un chef de l’opposition soupçonné de "conspiration" arrêté

Accusé de trahison, le leader de l’opposition cambodgienne, Kem Sokha, a été arrêté, ce dimanche. C’est ce qu’a annoncé le gouvernement du Premier ministre Hun Sen, soupçonné de vouloir se débarrasser de ses opposants avant les élections de 2018.

Accusé de trahison, le leader de l'opposition cambodgienne, Kem Sokha, a été arrêté, ce dimanche. (REUTERS)
Accusé de trahison, le leader de l'opposition cambodgienne, Kem Sokha, a été arrêté, ce dimanche. (REUTERS)

Dans un communiqué, le pouvoir cambodgien dit avoir en sa possession une vidéo et d’autres éléments prouvant l’existence d’une « conspiration entre Kem Sokha, d’autres personnes et des étrangers destinée à nuire au Royaume du Cambodge ». Accusé de trahison, le leader de l’opposition cambodgienne, Kem Sokha, a été arrêté ce dimanche.

 

Cette arrestation illustre la tension grandissante dans le pays, dirigé depuis plus de trente ans par Hun Sen, à l’approche des élections de l’année prochaine.

 

Ancien cadre des Khmers rouges, Hun Sen est devenu l’un des plus solides alliés de la Chine en Asie du Sud-Est et s’est distingué par une rhétorique anti-américaine de plus en plus virulente au fil des années.

 

« Derrière Kem Sokha, c’est toujours la même main, celle de l’Amérique »

Selon la fille de Kem Sokha, qui exerce elle aussi des responsabilités au sein du Parti du sauvetage national duCambodge, son père a été arrêté en même temps que ses gardes du corps.

 

« Kem Sokha est en garde à vue à l’hôtel de ville. Il est menotté. Il n’y a pas eu de mandat d’arrêt. Cent ou deux cents policiers ont mené une perquisition à son domicile et l’ont vandalisé », a écrit Monovithya Kem sur Twitter.

L’interpellation a eu lieu quelques heures seulement après que Fresh News, un site d’information pro-gouvernemental, a publié un article accusant Kem Sokha de discuter du renversement de Hun Sen avec le soutien des Etats-Unis. L’article en question était toutefois basé sur un discours prononcé en 2013 en Australie lors duquel il avait évoqué des voyages à l’étranger et notamment aux États-Unis pour discuter de son travail d’opposition.

 

« Derrière Kem Sokha, c’est toujours la même main, celle de l’Amérique », a ajouté Hun Sen, ce dimanche, parlant d’un complot pour « détruire le pays ». Il a par ailleurs menacé de dissoudre le parti « si celui-ci tente de soutenir » son chef.

Une « manœuvre grossière pour décapiter l’opposition »

Kem Sokha, 64 ans, est le chef du principal parti d’opposition dont l’autre dirigeant, Sam Rainsy, est actuellement en exil en France. Pour ce dernier, cette arrestation est une « manœuvre grossière pour décapiter l’opposition ».

 

De son côté, le département d’État américain, chargé des relations internationales, s’est dit préoccupé cette arrestation, estimant que les accusations « semblaient politiquement motivées » et ajoutant que cela « posait de sérieuses questions quant à la capacité du gouvernement à organiser des élections crédibles ».

Premier ministre depuis 1985, Hun Sen est un habitué des déclarations fracassantes et des menaces. Il a récemment prévenu qu’il y aurait « la guerre civile » si son parti - le Parti du peuple cambodgien (CPP) - perdait le pouvoir aux prochaines élections.