L'Appel du gosse

M’sieur, m’sieur… J’vous d’mande un’ fois pardon.

J’sais bien que j’suis qu’un p’tit garçon,

Mais j’voudrais tant vous dire quéqu’ chose…

C’est sérieux, faudrait que j’vous cause…

 

Savez donc pas c’que c’est qu’un gosse,

Un pauv’ goss’ de la rue sans rien,

Qui sait mêm’ pas si y’est chrétien,

Rapport qu’on lui a jamais dit,

Et qui connaît pas Jésus-Christ ?

Pourriez pas m’apprendr’ Jésus-Christ ?

On n’a personn’, personn’, personn’ !

 

Paraîtrait que l’Sauveur Jésus

Y’a dit qu’les homm’s étaient tous frères,

Qui d’vaient s’aider dans leurs misères,

Et qui d’vaient pas s’tirer d’sus :

Ben vrai d’pis que j’suis sur la terre ;

Qu’on est tous frères, j’lai jamais vu

 

J’voudrais pas d’venir une canaille,

Mais j’ai personne pou’ m’piloter…

Par où qu’c’est qu’c’est qui faut qu’on aille ?

La vie honnête, c’est d’quel côté ?...

Poème du père Jacques Sevin (Extraits) - Pentecôte 1923

L'histoire du grain de blé

“ Le grain de blé est parfaitement heureux dans son grenier. Il ne pleut pas dans le grenier. Il n'y a pas d'humidité. Et les petits copains du grain de blé sont bien gentils ; il n'y a pas de bagarre entre eux. Il est heureux, très heureux. ”

Par comparaison à ce que nous appelons le bonheur, c'est-à-dire la santé, la fortune... il est heureux. Mais remarquez que c'est un petit bonheur de grain de blé dans un grenier. Je le dis doucement parce qu'il ne faut pas mépriser le bonheur humain. J'ai le droit de travailler à ma santé, à l'aisance et à tout cela. Rien de méprisable en tout cela. Mais par rapport à ce qu'il doit être, c'est un petit bonheur. J'aime beaucoup l'expression "au petit bonheur". Nous marchons en cherchant le petit bonheur.

En écrivant, vous imaginerez que ce grain de blé est très pieux et qu'il remercie Dieu en disant : “ Seigneur, je te remercie pour toutes tes grâces : il ne pleut pas, il n'y a pas d'humidité, je suis bien tranquille, c'est parfait. Merci Seigneur. ”

En faisant cette prière, le grain de blé s'adresse à un Dieu qui n'existe pas. Il s'adresse à une idole. Un Dieu qui serait le père et le garant d'un petit bonheur dans un grenier, ou qui serait l'auteur et le garant de la bonne santé des hommes, de leur aisance et de leur fortune. Ce Dieu là n'existe pas. N'allons pas nous mettre à genoux devant une idole. Le Dieu qui existe est celui qui va transformer le grain pour qu'il devienne ce pour quoi il existe, c'est-à-dire, un épi.

Mais continuons notre rédaction :

“ Un jour, on charge le tas de blé sur une charrette, puis on sort dans la campagne. C'est encore bien mieux que dans le grenier, c'est merveilleux : le ciel bleu, les oiseaux, les fleurs... Mais le grain est toujours un grain. Il n'est pas transformé. Pieusement, il loue Dieu de plus belle :

‘La vie, c'est encore beaucoup plus beau que je ne pensais, c'est formidable. Merci, Seigneur’ ”.

Il s'agit toujours d'un Dieu qui n'existe pas. Bien sûr, vous pouvez nuancer ce jugement, car ce Dieu existe aussi et j'ai bien le droit de louer Dieu pour ma joie et mon bonheur ici-bas. Je dois même le faire, à condition que je m'adresse au vrai Dieu. Or, le vrai Dieu, c'est celui qui va venir maintenant.

“ On arrive sur la terre fraîchement labourée, on verse le tas de blé sur le sol et puis on l'enfonce dans la terre. A ce moment-là, le grain de blé sur le sol n'y comprend plus rien. Comme on dit autour de nous :

‘Si Dieu existait, de telles choses n'arriveraient pas.’

Et notre petit grain se met à regretter le bonheur de son grenier, il se sent mourir, l'humidité le pénètre jusqu'au centre, il se dissout ”.

C'est à se demander, à ce moment-là, si la vie n'est pas purement et simplement absurde.

“ Quelques semaines plus tard c'est la moisson, et le grain est devenu un bel épi, et c'est pour cela qu'il existait. ”

P. François Varillon, sj. Extrait de "Vivre le christianisme", Le Centurion, 1992

L'homme propose et Dieu dispose

Les hommes forment des projets,

mais c’est au Seigneur qu'appartient le dernier mot.

Chacun pense agir toujours correctement,

mais le Seigneur juge nos véritables motifs.

Confie ton activité au Seigneur

et tu réaliseras tes projets.

Le Seigneur a tout fait dans une intention précise,

même les méchants pour le jour de leur châtiment.

Le Seigneur déteste les hommes orgueilleux;

on peut être sûr qu'il les punira.

Par la bonté et la fidélité on peut réparer un tort.

En respectant le Seigneur on évite d’agir mal.

Lorsque le Seigneur approuve la conduite

de quelqu'un , il le réconcilie avec ses ennemis eux-mêmes.

Mieux vaut un maigre salaire gagné honnêtement

que de gros revenus tirés d’affaires louches.

L’homme élabore des plans,

le Seigneur en dirige la réalisation.

Le roi parle avec une autorité divine,

il ne se trompe pas quand il prononce un jugement.

Le Seigneur veut que les balances soient justes,

il décide comment on doit utiliser les poids.

Il est intolérable qu'un roi agisse mal,

car seule la pratique de la justice fonde son pouvoir.

Le roi désire qu'on lui parle honnêtement,

il aime ceux qui disent la vérité.

Un roi en colère peut envoyer quelqu'un à la mort.

Un homme censé fait tout pour l’apaiser.

Un sourire sur le visage du roi est promesse de vie,

sa bonté est comme une pluie rafraîchissante.

Livre des Proverbes 16 : 1-15

L'humble présence de Dieu

Toi qui, sans regarder en arrière, voudrais suivre le Christ, oseras-tu toujours à nouveau faire confiance à l’Évangile ?

Reprendras-tu élan, entraîné par Celui qui, sans jamais s’imposer, paisiblement t’accompagne ? Lui, le Ressuscité, se tient en toi, et en avant de toi sur le chemin.

Le laisseras-tu déposer au creux de toi-même la fraîcheur d’une source ? Ou bien rougirais-tu de confusion au point de dire : je ne suis pas digne d’être aimé par lui ?

Ce qui fascine en Dieu, c’est son humble présence. Il ne punit jamais, ni ne blesse la dignité humaine. Il ne tire pas sur la corde pour être obéi. Tout geste autoritaire défigurerait sa face. L’impression que Dieu vient punir est un des plus grands obstacles à la foi.

Le Christ, « pauvre et humble de cœur », ne force jamais la main de quiconque.

S’il s’imposait, qui oserait t’inviter à le suivre ?

Dans le silence de ton cœur il murmure : « N’aie pas peur, je suis là. »

Connu ou non, le Christ, le Ressuscité, demeure près de chacun, même à son insu, comme un clandestin.

Brûlure au cœur de l’homme, lumière dans l’obscurité, il t’aime comme son unique, pour toi il a donné sa vie, là est son secret.

 

Jésus le Christ, Lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ta présence, que je connaisse la joie.

Je t’aime, peut-être pas comme je le voudrais, mais je t’aime...

Amour de tout amour, tu le sais, je donnerai jusqu'à ma vie pour toi et ton Évangile.

frère Roger, de Taizé. « Amour de tout amour »

La fête

L’autre jour, c’était la fête dans le village.

Pas une petite fête, comme ça, en passant, où on cherche à glaner un peu de gaité et de joie, mais surtout sans s’impliquer.

Non, c’était LA fête du village.

 

Tout le monde était là.

On avait installé la grand-mère dans son fauteuil pliant, les cousins avaient fait la route pour être là, les enfants se retrouvaient après les vacances...

 

Tout le village était fier de sa fête, car tout le monde avait mis la mains à la pâte, chacun selon ses capacités. Et on était fier de dire : « Je suis d’ici. »

 

Et le défilé a commencé : les musiciens, les enfants costumés, les danseuses, les chars construits avec soin pendant les mois précédents. Et à chaque applaudissement, c’était un peu la grand-mère, le soudeur amateur, le sculpteur de polystyrène, les jeunes, les adultes et les moins jeunes, que l’on applaudissait.

 

Car au milieu de toute cette fête, c’était le bel esprit du village qui se montrait au grand jour. Toutes les mesquineries de la vie quotidienne, les ragots, les récriminations contre le voisin, tout ce côté sombre de la vie du village disparaissait sous la lumière aveuglante de l’union de toute la population autour du projet commun : LA FÊTE !

 

C’est en repensant à tout cela que je me suis dit : c’est quand tout le monde met du sien, quand on laisse un peu de côté son petit confort, ses habitudes, quand on se gêne pour les autres, en vue de réaliser un projet commun, c’est dans ces moments là que nous sommes sur la bonne voie. Celle que Toi, Jésus Christ, Tu as tracé, celle de la Résurrection, celle de la Joie, celle de la Fraternité, celle de l’Amour.

David Journault

La force de l'amour

Mon Dieu, je t’aime et Tu le sais.

Ça à l’air si simple comme ça, pourquoi est-ce si difficile en réalité ?

C’est surtout face aux autres, face à ceux qui n’ont pas la chance de Te connaître, que ma foi paraît la plus fragile.

Pourquoi est-ce que j’ai parfois honte de dire ma foi en Ta Bonne Nouvelle ?

Ma foi semble parfois si artificielle qu'elle ne résiste pas à l’épreuve.

Et pourtant, dans le fond de mon âme je sens bien que c’est Toi qui me guide, que Tu es toujours présent à mes côtés.

Alors face aux autres qui ne me comprennent pas, où auxquels je n’arrive pas à faire toucher du doigt la beauté de Ton message, j’ai la tentation de me replier sur moi-même et sur ceux qui me sont proches.

Avec ma famille, mes amis, c’est facile de parler de Toi. Ils me connaissent, m’aiment assez pour pouvoir me comprendre, même quand ils ne partage pas la foi de la même façon que moi.

Seigneur, c’est trop facile de se retrouver seulement avec ceux qui pensent comme moi. Mais je sais que ce n’est pas ça que Tu veux. L’Amour ne s’accomplit pleinement que dans l’ouverture aux autres.

Seigneur, que notre Amour féconde le monde qui l’entoure et lui fasse porter le fruit qui trouve grâce à tes yeux. Amen.

David Journault

La joie est prière, force et amour

Dieu aime celui qui donne avec joie.

La meilleure manière de montrer notre gratitude envers Dieu et les gens c'est d'accepter tout avec joie.

Être heureux avec lui, maintenant,

cela veut dire : aimer comme il aime, aider comme il aide, donner comme il donne, servir comme il sert,

sauver comme il sauve, être avec lui 24 heures par jour,le toucher avec Son déguisement de misère dans les pauvres et dans ceux qui souffrent. 

Un cœur joyeux est le résultat normal d'un cœur brûlant d'amour.

C'est le don de l'Esprit, une participation à la joie de Jésus vivant dans l'âme.

Gardons dans nos cœurs la joie de l'amour de Dieu et partageons cette joie de nous aimer les uns les autres comme Il aime chacun de nous.

Que Dieu nous bénisse. 

Amen.

Ste Mère Teresa

La légende des canards

Un jour une grave dispute s’éleva entre les canards de la ferme. Du coup ils allèrent chacun s’installer dans leur petite mare à eux, pour barboter dans ce qui leur paraissait être le seul océan. Mais ils demeuraient quand même un peu triste d’être séparés. Sortir de leur mare pour aller rejoindre celle des autres, il n’en était pas encore question !

Lorsqu'un jour la pluie tomba, tomba sur la ferme. L’eau monta, monta dans chacune des petites mares. Jusqu'à ne plus faire qu'un seul grand lac où tous les petits canards enfin réunis barbotèrent de concert en éclaboussements joyeux, dans le bonheur des retrouvailles.

Ainsi, le jour où chaque communauté séparée aura suffisamment imploré la venue de l’Esprit, comme la pluie bienfaisante d’En-Haut, les eaux monteront dans chaque Église. Et l’Unité sera enfin retrouvée.

Un pasteur luthérien

La mésange et la colombe

Un jour une mésange rencontre une colombe.

La mésange demande à la colombe :

« Combien pèse un flocon de neige ? »

« Rien, rien d’autre que rien. » dit la colombe.

 

La mésange lui raconte alors cette histoire :

 

« J’étais sur une branche de sapin quand il se mit à neiger.

Pas une tempête ; non, juste comme un rêve, doucement, sans violence.

Comme je n’avais rien de mieux à faire, je commençais à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais.

Il en tomba 3 751 962. 

Lorsque le 3 751 962e tomba sur la branche, rien d’autre que rien, comme tu l’as dit, la branche cassa. »

 

Sur ce, la mésange s’envola.

La colombe réfléchit un moment et se dit finalement :

« Peut-être ne manque-t-il qu'une personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix. »

Anonyme

La prière d'un sage

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur de te désirer ; en te désirant, de te chercher ; en te cherchant, de te trouver ; en te trouvant, de t’aimer ; et en t’aimant, de racheter mes fautes ; et une fois rachetées, de ne plus les commettre.

 

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur la pénitence, à mon esprit le repentir, à mes yeux la source des larmes, et à mes mains la largesse de l’aumône.

 

Toi qui es mon Roi, éteins en moi les désirs de la chair, et allume le feu de ton amour. Toi qui es mon Rédempteur, chasse de moi l’esprit d’orgueil, et que ta bienveillance m’accorde l’esprit de ton humilité. Toi qui es mon Sauveur, écarte de moi la fureur de la colère, et que ta bonté me concède le bouclier de la patience.

 

Toi qui es mon Créateur, déracine de mon âme la rancœur, pour y répandre la douceur d’esprit. Donne-moi, Père très bon, une foi solide, une espérance assurée et une charité sans faille.

 

Ô Dieu de miséricorde, je te le demande par ton Fils bien-aimé, donne-moi de vivre la miséricorde, l’application à la piété, la compassion avec les affligés, et le partage avec les pauvres.

Saint Anselme de Cantorbéry († 1109)

La Vierge à Midi

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.

Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête. Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.

Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.

Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.

Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.

Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.

Parce que vous êtes la femme, l’Éden de l’ancienne tendresse oubliée.
Dont le regard trouve le cœur tout à fait et fait jaillir les larmes accumulées.

Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France.
Parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense.

Parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue.
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus.

Parce qu’il est midi, parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui.
Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que
vous êtes Marie, simplement parce que vous existez
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !

Paul Claudel (1868-1955)

La vie est la vie

La vie est beauté, admire-la

La vie est félicité, profites-en.

La vie est un rêve, réalise-le.

La vie est un défi, relève-le.

La vie et un devoir, fais-le.

La vie est un jeu, joue-le.

La vie est précieuse, soigne-la bien.

La vie est richesse, conserve-la.

La vie est amour, jouis-en.

La vie est un mystère, pénètre-le.

La vie est une promesse, tiens-la.

La vie est tristesse, dépasse-la.

La vie est un hymne, chante-le.

La vie est un combat, accepte-le.

La vie est une tragédie, lutte avec elle.

La vie est une aventure, ose-la.

La vie est bonheur, mérite-le.

La vie est la vie, défends-la.

Ste Mère Teresa

La visite de Dieu

Latchoumane était un brahmane très pieux. Tous les jours, à son réveil matinal, il prenait son bain rituel et partait aussitôt vers le temple, son panier d’offrandes à la main. Il allait assister à la prière du matin, ce culte rendu à Dieu trois fois par jour.

Avec ferveur il priait : « Seigneur, je viens te rendre visite chez toi, sans que j’ai manqué un seul jour. Matin et soir, je te fais des offrandes. Ne peux-tu pas venir chez moi ? ». Attentif à cette prière quotidienne, Dieu lui répondit enfin : « Demain, je viendrai ».

Tout heureux il se met à laver à grande eau toute la maison. Il fait tracer devant le seuil des dessins en pâte de riz. A l’aube, il attache une guirlande de feuilles de manguier à l’entrée de sa maison. Et dans la salle de réception, des plateaux de fruits, de galettes sucrées et de fleurs s’étalent à profusion. Tout est prêt pour recevoir Dieu. Il se tient debout pour l’accueillir.

L’heure de la prière approche. Un petit garçon qui passe par là aperçoit, par la fenêtre ouverte, les plateaux de galettes. Il s’approche : « Grand-père, tu as beaucoup de galettes, là-dedans, ne peux-tu m’en donner une ? ». Furieux de l’audace du gamin, Latchoumane réplique : « Veux-tu filer, moucheron. Comment oses-tu demander ce qui est préparé pour Dieu ? » Et le petit garçon, effrayé, s’enfuit.

La cloche du temple a sonné. La prière matinale est terminée. Le brahmane pense : « Dieu viendra après le culte de midi, attendons-le ». Fatigué, il s’assoit sur le banc. Un mendiant arrive et lui demande l’aumône. Il le chasse vertement. Puis il lave soigneusement la place souillée par les pieds du mendiant... Et midi passe... Dieu n’est toujours pas au rendez-vous.

Le soir vient. Tout triste, il attend toujours la visite promise. Un pèlerin se présente à l’heure de la prière du soir : « Permets-moi de me reposer sur le banc et d’y dormir cette nuit ». – « Jamais de la vie ! C’est le siège réservé à Dieu ! » La nuit est tombée. Dieu n’a pas tenu sa promesse, pense Latchoumane tout triste.

Le lendemain, revenu au temple pour la prière du matin, il renouvelle ses offrandes et fond en larmes : « Seigneur, tu n’es pas venu chez moi comme tu me l’avais promis ! Pourquoi ? » Une voix lui dit alors : « Je suis venu trois fois et chaque fois tu m’as chassé ».

Conte indien de Madana Calliany

Laisse-moi être tes bras

Seigneur, donne-moi toutes les personnes qui sont seules...

J'ai ressenti dans mon cœur le désir passionné qui a envahi le tien, devant l'état d'abandon dans lequel est plongé le monde entier. Je ressens de l'amour pour chacun de ceux qui sont malades et isolés.

Qui viendra les consoler quand ils pleurent ?

Qui leur montrera de la compassion quand ils meurent à petit feu ?

Qui recevra sur son cœur les cœurs désespérés ?

Ô mon Dieu, accorde-moi la grâce d'être dans le monde un sacrement tangible de ton amour ; laisse-moi être tes bras, pour étreindre sur mon cœur toute la solitude du monde et pour la réchauffer au feu de l'amour.

Chiara Lubich (1920-2008)

Le Chemin de Croix

Images : Chemin de Croix de l'église de L'Huisserie (53)

Méditations : Sylvie Germain (mensuel "Panorama")

Texte liturgique : Missel Communautaire (édition de 1985)

1ère station : Jésus est condamné à mort

« Qu’as-tu fait ! Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! » (Gn 4, 10)


La sentence est tombée, le Christ est condamné à mort. Cela s’est passé il y a 2000 ans, mais depuis 2000 ans cela n’a cessé de se renouveler.

A chaque crime commis, le sang d’un frère crie du sol vers Dieu, non pas vengeance, mais détresse, sa douleur. Le sang, la sueur, les larmes des victimes n’en finissent pas de s’élever vers Dieu, comme ceux d’Abel, notre frère des origines, et ceux du Christ, notre Frère absolu. C’est pour laver le sang d’Abel, pour essuyer ses larmes, que le Christ est venu en ce monde, « mais le monde ne l’a pas reconnu ». Et nous, l’avons-nous vraiment reconnu, le Verbe fait Chair et Compassion, le Fils unique aimé du Père et infiniment aimant de ses frères humains ? Entendons-nous son cri de la Croix répercuté dans celui de tous les malheureux, les humiliés, les affamés ?

 

Le Prêtre : Seigneur, tu as été insulté par la foule dont tu avais guéri les malades. Tu as été condamné par un homme, un homme comme nous, une de tes créatures, condamné quand tu étais innocent. Toi, le seul pur, le seul vrai, le seul saint, un homme coupable, un pécheur, t’a jugé.

Tous : Un homme comme nous, un homme coupable t’a jugé et condamné.

Le Prêtre : En face de ce juge qui te condamnait, au milieu de cette foule qui hurlait, de ces hommes qui tendaient le poing, tu es resté silencieux, calme et doux.

Tous : Tu es resté silencieux et doux.


Seigneur, apprends-nous à rester calmes en face de la colère.


2ème station : Jésus est chargé de sa croix

« Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. » (Is 53, 4)


Aussi lourd soit le poids de nos souffrances, il nous faut le porter, le porter en marchant. Si nous nous arrêtons, le bât de nos maux nous brisera les reins, le cœur ; alors le mal aura gagné, nous serons réduits à une masse de chair meurtrie qui ne peut ni ne veut plus penser, plus lutter, plus aimer. Et nous serons morts au monde, à l’humanité, à nous-mêmes et à Dieu avant même d’avoir expiré. Le Christ incompris, trahi puis flagellé a transporté ses souffrances pieds nus à travers la ville, les a hissés au sommet d’une colline et, là, il les a soulevées, arrachées à la pesanteur et tendues vers le Ciel, lancées dans l’immensité. « Etre innocent, c’est supporter le poids de l’univers entier. C’est jeter le contrepoids », a écrit Simone Weil.


Le Prêtre : Seigneur, on te présente la Croix, cette Croix que tu as toujours attendue. C’est à elle que tu pensais quand tu étais au milieu de tes apôtres, c’est vers elle que tu allais quand tu montais à Jérusalem.

Tous : La Croix que tu as toujours attendue et toujours désirée.

Le Prêtre : La Croix, la vrais croix, une croix grossière et rugueuse, et lourde, faite de deux poutres ma équarries, avec des échardes pour ta chair.

Tous : La Croix, la vraie Croix, lourde, grossière et rugueuse.

Le Prêtre : Tu l’as saisie de tes deux mains, embrassée de tes bras, avec amour, avec élan, comme un bon ouvrier prend son outil, comme l’outil sacré de notre rédemption, comme ton outil suprême, Jésus Ouvrier.

Tous : Tu l’as saisie comme l’outil de notre rédemption.


Seigneur, donne-nous la force de porter notre Croix après Toi.


3ème station : Jésus tombe pour la première fois

« Touché à mort dans mes os, mes adversaires m’insultent en me redisant tout le jour : “Où est-il ton Dieu ?” » (Ps 42, 11)


Par millions et millions, au fil des siècles, et particulièrement au cours du dernier, des hommes sont tombés sous l’excès du malheur et nul ne leur a porté secours. Tous sont des frères de celui qui chuta, et puis se releva pour ployer à nouveau, sur le chemin du Golgotha. Où était Dieu, où donc est-Il quand saignent et pleurent ses enfants ? Cette question fait rire les bourreaux qui se croient, eux, des petits dieux, mais elle tourmente le juste et l’innocent accablés de douleurs, et qui se veulent, eux, enfants de Dieu. Où est leur Père ? Existe-t-Il ? Il est dans leurs larmes et dans leurs plaies, Il les suit pas à pas, Il crie dans leurs silences et tremble dans leurs cris, et Il souffre comme eux, avec eux, en eux, de chaque parjure envers l’amour.


Le Prêtre : Seigneur, la Croix pèse lourd sur tes épaules déjà toutes labourées de durs sillons, rongées par la flagellation. Tu es fatigué, épuisé. Tu heurtes les pierres du chemin et tu tombes avec la Croix.

Tous : La croix est lourde sur tes épaules.

Le Prêtre : Toi, le Puissant, toi, l’Éternel, toi, le Maître du monde, tu n’en peux plus et tu tombes là, devant les soldats qui te secouent et qui te frappent, la foule qui se moque et tous tes ennemis qui triomphent. Quelle leçon d’humilité tu nous donnes !

Tous : Quelle leçon d’humilité tu nous donnes.

Le Prêtre : Nous aussi, nous avons nos échecs. A nous aussi, les chrétiens, il arrive d’être humiliés en face du monde. Apprends-nous à accepter ces échecs et ces humiliations.

Tous : Apprends-nous à accepter les échecs et les humiliations.


Seigneur, je t’adore, tombé sous la Croix.


4ème station : Jésus rencontre sa mère

« Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2, 49)


Combien de fois Marie aura-t-elle dû chercher son fils échappé de la maison ? Mais cette fois, pour leur dernière rencontre, ce n’est plus au Temple, assis au milieu des rabbis, qu’elle retrouve son enfant, c’est dans la rue, couvert de sang et de crachats, titubant sous l’instrument de son supplice imminent parmi la foule huante et les soldats brutaux. Elle serait en droit de douter des sublimes promesses faites par l’ange de l’Annonciation : est-ce là le Fils du Très-Haut destiné au trône de David ? Qui oserait, en cet instant, la dire bienheureuse, elle, la mère affligée de douleur ? Son fils va pourtant son chemin, il marche vers la Maison du Père dont son corps lacéré est le Seuil, dont le cœur est le Temple.


Le Prêtre : Ta mère est là, Seigneur. Tu la rencontres au détour du chemin. Elle t’attend pour te consoler dans ton abandon, te soutenir dans ta faiblesse, t’accompagner jusqu’à la mort.

Tous : Ta mère est là qui t’attend.

Le Prêtre : Ton regard a rencontré son regard, son cœur a rencontré ton cœur. Quand tu n’en peux plus, après que tu es tombé, elle est là pour te soutenir de sa présence.

Tous : Ta mère est là qui marche avec toi.

Le Prêtre : Elle ne pleure pas de sa souffrance, mais elle mêle ses larmes à tes larmes. Elle ne se met pas en travers du chemin, mais elle te suit. Elle s’unit à toi. Elle nous rachète avec toi.

Tous : Ta mère est là qui souffre avec toi.


O Marie, aide-nous à porter notre croix après Jésus.


5ème station : Symon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Mc 8, 34)


Tout comme Marie ne devient pleinement, et à jamais bienheureuse, qu’après avoir subi l’épreuve de l’arrachement, de la déréliction, chacun d’entre nous est appelé, s’il veut suivre le Christ, à s’oublier lui-même, à renier ses intérêts immédiats, à consentir à la dépossession. Et, pour commencer, à venir en aide à toute personne dans le manque, dans la peine, que cette personne nous soit proche ou étrangère, tel l’inconnu gisant au bord du chemin, frappé par des brigands, que soigne et sauve le Samaritain. Aimer autrui, c’est « descendre de sa monture », se pencher vers lui, lui ouvrir ses bras et son cœur, c’est exercer une miséricorde active à son égard.

La croix qui nous incombe a si souvent le visage du prochain.


Le Prêtre : Seigneur, tu as voulu être aidé par un homme, quelqu’un qui ne te connaît pas, qui ne sait ni qui tu es, ni ce qu’est cette croix qu’il va porter derrière toi.

Tous : Tu as voulu être aidé par l’un de nous.

Le Prêtre : Ce n’est pas que tu ne puisses toi-même terminer ta Passion, mais tu veux que nous fassions notre part du travail, et l’ajoutions à la tienne. Tu nous fais l’honneur de vouloir de nous pour le salut du monde.

Tous : Tu veux que nous t’aidions à sauver le monde.

Le Prêtre : Nous t’aidons quand nous portons notre vie avec amour, quand nous portons les souffrances de nos frères comme les nôtres, quand nous acceptons de porter notre croix telle qu’elle se présente à nous.

Tous : Nous t’aidons quand nous portons notre vie avec amour.


Merci, Seigneur, d’avoir besoin de nous pour le salut du monde.


6ème station : Une femme essuie la face de Jésus

« Qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » (Jn 14, 9-10)


Les disciples au mont Thabor ont vu le Christ transfiguré, irradiant ; Moïse et Elie l’entouraient. Il était le miroir ardent de la Face invisible de Dieu. A l’heure de sa mort, son visage est défiguré, il ruisselle de sueur, de sang, ses vêtements sont souillés, deux brigands vont l’encadrer. Le changement est si violent, si extrême, que Jésus n’a même plus « figure humaine, son apparence n’est plus celle d’un homme ». Et pourtant il demeure le miroir de Dieu, celui de la Face la plus secrète du Dieu de Miséricorde. Il en est l’icône de chair et de sang et tout autant celle de ses frères humains faits « à l’image et ressemblance » de Dieu. « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous », a dit Jésus à ses disciples, juste avant sa Passion.


Le Prêtre : Après une nuit de souffrances, d’agonie et de flagellation, une matinée d’insultes, après la fatigue épuisante, sous le sang et la poussière, qui donc, Seigneur, pourrait reconnaître ton visage ?

Tous : Qui donc, Seigneur, pourrait te reconnaître ?

Le Prêtre : La foule ne te reconnaît que comme un condamné à mort, comme un ennemi. Or, parmi cette foule ameutée, une femme s’avance, elle essuie ton visage, et tes traits purs réapparaissent.

Tous : C’est toi, Seigneur, que nous reconnaissons.

Le Prêtre : Autour de nous le monde te méconnaît, mais il ne peut te connaître qu’à travers les chrétiens. C’est nous qui donnons de toi, trop souvent, une fausse image.

Tous : C’est par nous que les autres te connaîtront.


Seigneur, aide-nous à être tes témoins.


7ème station : Jésus tombe pour la deuxième fois

« Mais il se mit à jurer avec force imprécations : “Je ne connais pas cet homme dont vous parlez.” » (Mc 14, 71)


Même Pierre, le disciple fougueux, a cédé à la peur et s’est enfui à l’instant fatal. Puis il a pleuré et l’amour a réafflué dans son cœur, et avec lui l’audace ; alors il s’est élancé dans les pas de son Maître disparu. Nous sommes tous faillibles, il importe que nous prenions conscience, en profondeur, de notre faiblesse, mesure de notre égoïsme et de notre lâcheté afin de ne pas nous surestimer et surtout de ne pas trop hâtivement jeter la pierre à ceux qui font défection face à l’épreuve, ou de ne pas nous mépriser, nous renier nous-mêmes sans rémission quand nous avons manqué de cœur et de parole. Un repentir actif et un nouvel élan restent toujours possibles.


Le Prêtre : De nouveau, Jésus tombe. Malgré le Cyrénéen qui l’aide, il faiblit, chancelle et s’abat sur les cailloux de la route.

Tous : Jésus faiblit, chancelle et tombe une deuxième fois.

Le Prêtre : Comme tu nous ressembles, Seigneur. Tu as voulu être proche de nous en montrant tant de faiblesse. Pour nous, c’est une autre faiblesse qui nous fait tomber, celle du péché. Ce n’est pas deux fois, mais si souvent, mais tous les jours, mais maintes fois par jour que nous tombons.

Tous : Seigneur, nous tombons si souvent.

Le Prêtre : Tu as voulu tomber pour nous apprendre que, malgré nos chutes, tu nous aimes encore et que jamais nous ne devons nous décourager.

Tous : Malgré nos fautes, tu nous aimes encore.


Seigneur, donne-nous la force de ne jamais nous décourager.


8ème station : Jésus interpelle les femmes de Jérusalem

« Heureux les affligés, car ils seront consolés. » (Mt 5, 5)


Elle est troublante, la consolation que Jésus adresse aux femmes pleurant le long du chemin du Calvaire, elle évoque davantage une désolation accrue : « Ne pleurez pas sur moi !, leur dit-il, pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! », et il leur annonce des jours de détresse. Mais, à l’instar des prophètes, le Christ n’a jamais édulcoré ses propos, n’a jamais rien promis à la légère, n’a jamais triché avec la nature humaine dont il connaissait la terrible complexité. Pour accéder à la source de la joie, il faut gravir la montagne d’où elle sourd, pour suivre Jésus il faut partager le poids de sa croix. Quand André Chouraqui traduit le mot « heureux » qui scande les Béatitudes par l’injonction « En marche ! », c’est bien cette dynamique, cet appel constant au devant de soi qu’il met en relief.


Le Prêtre : Les femmes de Jérusalem se lamentent devant ta souffrance. Elles ne comprennent pas le sens de ta Passion, elles ne comprennent pas la Rédemption du monde.

Tous : Elles ne comprennent pas le sens de ta Passion.

Le Prêtre : Elles ne savent pas que tes souffrances, ce sont les souffrances de tous les petits, de tous les vaincus de la vie, de ceux qu’on méprise, de ceux qu’on opprime. Elles ne voient pas le péché du monde.

Tous : Elles ne sentent pas le poids du péché du monde.

Le Prêtre : Elles ne se sentent pas solidaires de ce péché. Elles accusent tes juges, tes bourreaux, la foule et les soldats. Elles ne voient pas que le mal est en nous et que c’est notre péché qui crée la souffrance.

Tous : C’est notre péché qui crée la souffrance.


Seigneur, aide-nous à voir le péché du monde.


9ème station : Jésus tombe pour la troisième fois

« Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voyez le laboureur : il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu’aux pluies de la première et de l’arrière saison. » (Jc 5, 7)


Oui, il est long, ardu, le chemin vers la joie et la délivrance et, souvent, l’on s’y blesse et s’y épuise. La nuit de l’épreuve, des deuils, peut durer des années, s’épaissir même au fil du temps. Et, cependant, il faut tenir, savoir attendre comme le laboureur, lutter comme Jacob au gué de Yabbocq, demeurer fidèle à sa foi jusqu’au fond du désastre comme Job, et être prêt à accueillir l’inespéré, fût-ce aux confins de son âge, ainsi qu’Abraham et Sarah.

Nul ne connaît l’instant de l’avènement, c’est pourquoi chacun est appelé à veiller avec l’endurance des Vierges sages, à s’aventurer dans une attente sans garde ni mesure. « Le salut de l’âme se paie d’un grand hasard couru et accepté », a écrit le Père Teilhard de Chardin.


Le Prêtre : Une autre fois encore, une troisième fois, tu es tombé sur la route.

Tous : Une troisième fois, tu es tombé, Seigneur.

Le Prêtre : Au pied de la colline, alors que tous le chemin est parcouru, tu penses à tous ceux que tu veux sauver. C’est pour eux, c’est pour nous, Seigneur, que tu marches sous ta Croix. C’est à nous, c’est à eux que tu penses à travers ta fatigue. Et cela te soutient.

Tous : C’est l’amour de nos âmes qui te soutient

.Le Prêtre : Mais alors, à travers tous les siècles, ton regard découvre tous ceux qui ne profiteront pas de ton sang, tous les cœurs fermés et ceux que la misère ou la malice des autres éloignera de toi, ceux qui ne comprendront pas ta preuve d’amour.

Tous : Ton amour sera méconnu, et cela t’accable.


Seigneur, nous croyons à ton amour.


10ème station : Jésus est dépouillé de ses vêtements

« Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave... » (Ph 2, 6-7)


À l’opposé d’Adam qui s’est voulu l’égal de Dieu, mais sans fournir le moindre effort pour parvenir à cette déification, se dresse le Christ qui, lui, de nature divine, s’est dépouillé de sa puissance et de sa gloire pour devenir en tous points semblable aux hommes, leur frère de sang, d’amour et de douleur.

Sa vie entière s’est déroulée dans le renoncement au pouvoir, aux honneurs, aux richesses, depuis sa naissance dans la paille jusqu’à sa mort parmi les réprouvés. La nudité ne l’effraie pas alors qu’Adam en a eu honte et a tenté de la dissimuler, car son regard était faussé, enivré d’orgueil et d’envie. La nudité du Christ au Golgotha est celle de la Chair où fulgure le Verbe, une communion de la Terre et du Ciel.


Le Prêtre : De ses épaules ensanglantées, la robe est arrachée. Les plaies à nouveau s’ouvrent et saignent, et la douleur se répand sur tout son corps.

Tous : Toutes ses souffrances se résument et se rassemblent en un instant.

Le Prêtre : Seigneur, tu étais nu sur la paille. Te voilà à nouveau dépouillé de tout pour mourir. Tu n’as plus rien, puisque tes vêtements sont tirés au sort. Avec quelle force ne nous cries-tu pas d’aimer la pauvreté !

Tous : Tu as voulu être dépouillé pour nous apprendre à nous détacher.

Le Prêtre : Oserons-nous maintenant dire que nous sommes tes disciples et rechercher le luxe, et rechercher nos aises, et nous lamenter pour le lendemain ? Oserons-nous mépriser les pauvres ?

Tous : Oserons-nous rechercher nos aises et maudire la pauvreté ?


Seigneur, nous t’adorons, dépouillé de tout.


11ème station : Jésus est cloué sur la croix

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34)


Ceux qui commettent le mal, aussi rusés, déterminés puissent-ils être, ne savent pas vraiment ce qu’ils font : ils ne comprennent pas que toute atteinte à la fraternité est un péché contre l’Esprit.« Le vrai crime n’est pas sensible. L’innocent qui souffre sait la vérité sur son bourreau, le bourreau ne la sait pas », dit Simone Weil. Tel est et persévère le paradoxe : le juste sent le mal, en sonde l’horreur et la hideur, le criminel s’en amuse et en jouit car il ignore qu’en fait c’est lui qui en est le jouet, il ne soupçonne rien des mystères du monde, de la splendeur secrète inscrite par Dieu dans le tréfonds du cœur humain. Et ceux qui tuent au nom de Dieu sont encore plus inintelligents, tragiquement ignorants.


Le Prêtre : Tu t’étends sur la Croix et l’on t’y attache avec des clous. Des clous dans tes pieds, des clous dans tes mains, des clous qui te transpercent et font jaillir le sang, des clous qui les immobilisent dans la douleur.

Tous : Seigneur, on enfonce des clous dans tes chairs.

Le Prêtre : A coups de marteau, on t’attache, toi, l’Ouvrier de Nazareth, et tu tends tes membres comme tu nous as demandé de tendre notre joue à celui qui nous frappe. Et tu étends tes deux bras, comme pour embrasser le monde et n’exclure personne.Tous : Tu étends tes deux bras pour embrasser tous les hommes.

Le Prêtre : Tu donnes ton corps tout entier, tous tes membres. Tu donnes ta liberté. Seigneur, quel exemple, et quelle preuve d’amour !Tous : Seigneur, quel exemple, et quelle preuve d’amour !


Seigneur, nous adorons tes mains et tes pieds attachés.


12ème station : Jésus meurt sur la croix

« Père, entre tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23, 46)


Entre quelles autres mains remettre son esprit à l’heure d’accomplir le pas au-delà ? Certains pensent que leur esprit sera dissous dans le néant comme leur corps dans la terre, beaucoup hésitent entre la crainte et l’espérance. Quelle balance formeront les mains de Dieu lorsqu’elles soupèseront notre âme ? Sera-t-elle réglée par une justice implacable ou par la miséricorde ?Thérèse de Lisieux, dans une lettre à un jeune prêtre anxieux face au jugement divin, déclarait : « Il semble que participant à la justice, à la sainteté de Dieu, je ne pourrai comme sur la terre excuser vos fautes. Oubliez-vous que je participerai aussi à la miséricorde infinie du Seigneur ? »Mourir, c’est remettre son esprit, aussi fragile qu’un nouveau-né, entre les mains de Dieu.


Le Prêtre : En face de la Croix, nous adorons le Christ mourant. Nous recueillons ses dernières paroles. Nous nous mettons sous l’angle de son regard, nous fixons nos yeux sur son corps agonisant. Nous nous unissons à sa Mère. Près d’elle, avec elle, en face de lui, à l’ombre de la Croix, là seulement nous comprenons son amour.

Tous : Là seulement nous comprenons son amour.

Le Prêtre : Le Christ est là, entre ciel et terre. Il pardonne à ses bourreaux. Il pardonne au bon larron. Il nous donne sa mère. Il remet son âme entre les mains de son Père, et il meurt.

Tous : Le Christ meurt... (Silence)Le Prêtre : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Tu l’as dit, Seigneur, et tu le fais jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême limite de la souffrance. Tu nous aimes jusqu’à la mort.

Tous : Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour.


Christ mourant, nous t’adorons. Christ mourant, nous t’aimons.


13ème station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère

« Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. » (Mt 8, 22)


Marie prend dans ses bras le corps de son fils comme au jour de sa naissance. Mais son enfant est à présent un « nouveau-mort », tout est consommé de la vie de son fils, seule règne la douleur pour toujours. Non, elle n’est pas à jamais cette douleur du deuil, car bientôt son enfant va renaître comme il l’avait annoncé, et la vie, la vraie Vie, va se déployer et resplendir éternelle. Le Christ est passé par « le chas de l’aiguille », il vient de pénétrer dans le Royaume, là où la mort s’abolit et où chacun de nous est invité à revêtir sa nudité de lumière. La mort n’a pas le dernier mot. L’enterrement n’est pas final : il introduit à un « en-cièlement ». De la crèche à la croix, la merveille de la naissance et des noces de la Chair et du Verbe sont en expansion infinie.


Le Prêtre : C’est fini : le Christ est mort, lui le Maître de la vie. Que ses ennemis regardent leur victime. Celui qu’ils ont craint n’est plus à craindre. Celui qui rassemblait les foules est maintenant seul dans la mort.

Tous : Le Christ, le maître de la vie est mort.

Le Prêtre : On le détache de la Croix. Membre après membre, son corps retombe sur les épaules de ceux qui le soutiennent. On le remet à sa mère. Elle serre entre ses bras ce corps froid. Elle regarde ses plaies une à une. Elle y lit comme en un livre l’immense souffrance. Elle y compte comme un trésor le prix de notre salut.

Tous : O Marie, faites-nous comprendre toute cette souffrance.

Le Prêtre : Le Fils et la Mère sont là. Il n’y a plus désormais qu’une seule douleur, celle de Marie, qui doit continuer encore la rédemption. Elle est le trait d’union entre celle de Jésus et celle du monde.

Tous : O Marie, soyez le trait d’union entre Jésus et nous.


O Marie, unissez nos souffrances aux vôtres et à celles de Jésus.


14ème station : Jésus est déposé dans le sépulcre

« Il s’en va, il s’en va en pleurant, il porte la semence. Il s’en vient, il s’en vient en chantant, il rapporte ses gerbes. » (Ps 126, 6)


La semence est enfouie dans la terre. Semence de feu qui va consumer la mort même jusqu’en ses racines les plus amères et transmuer en secret les ténèbres en clarté, les larmes en chant. Semence de vent qui va tout renverser et mettre en mouvement. « L’avenir de la terre pensante est organiquement lié au retournement des forces de haine en forces de charité », dit Teilhard de Chardin. C’est un tel retournement que provoque la descente au tombeau du Serviteur souffrant, du Fils de Dieu et Frère des hommes, et à ce prodigieux bouleversement nous sommes conviés à participer en toute conscience et vif désir. « La mort nous livre totalement à Dieu, elle nous fait passer en Lui. Il faut, en retour, nous livrer à elle en grand amour et abandon... », et le Père Teilhard dit encore : « Ce n’est pas assez que je meure en communiant. Apprenez-moi à communier en mourant. »


Le Prêtre : Les ténèbres du tombeau pour celui qui est la Lumière du monde, le silence de la terre pour celui qui rassemblait les foules sous le charme de sa parole, quel échec ! La froideur de la pierre, la raideur de la meule que l’on roule à l’entrée du sépulcre... Le Christ est au tombeau.

Tous : Le Christ est enseveli, le Christ est au tombeau.

Le Prêtre : Et pourtant, si le Christ est mort, son âme est vivante. Elle est partie vers ceux qu’il a sauvés les premiers. Elle prend la tête du cortège des éternels vivants.

Tous : Dans la mort, le Christ est vivant.

Le Prêtre : C’est cela, la mort de la terre. Nous mourrons un jour, mais ce sera pour vivre. En attendant, s’il fut souffrir, échouer parfois, être vaincu en apparence, nous saurons la valeur de nos souffrances, le sens de nos échecs, la vérité sur notre sort. Le Christ mort ressuscitera.

Tous : Mourir, ce n’est pas disparaître, c’est vivre.


Christ mort pour nous, apprends-nous le sens de la vie.


Le Disciple et l'Ami

Nul n’est disciple hormis le serviteur.

Nul n’est lumière sans l’amour indicible qui dans le frère découvre le Seigneur.

Nul ne console à moins d’avoir souffert.

Nul ne témoigne s’il ne vit la Parole où l’homme gagne sa joie quand il se perd.

Nul n’est tendresse à moins d’être blessé.

Nul ne pardonne s’il n’a vu sa faiblesse qui l’abandonne aux mains du Transpercé.

Nul n’est partage s’il n’a donné son tout.

Nul ne peut dire la valeur du message s’il ne s’est livré lui-même jusqu’au bout.

Nul n’est semence à moins d’être semeur :

Point de récolte sans le temps du silence car tout apôtre devient le grain qui meurt.

Abbaye de Tamié

Le Pont

J’avais devant les yeux les ténèbres. L’abîme

Qui n’a pas de rivage et qui n’a pas de cime

Etait là, morne, immense ; et rien n’y remuait.

Je me sentais perdu dans l’infini muet.

Au fond, à travers l’ombre, impénétrable voile,

On apercevait Dieu comme une sombre étoile.

Je m’écriai : — Mon âme, ô mon âme ! Il faudrait,

Pour traverser ce gouffre où nul bord n’apparaît,

Et pour qu’en cette nuit jusqu’à ton Dieu tu marches,

Bâtir un pont géant sur des millions d’arches.

Qui le pourra jamais ? Personne ! O deuil ! Effroi !

Pleure ! — Un fantôme blanc se dressa devant moi

Pendant que je jetais sur l’ombre un œil d’alarme,

Et ce fantôme avait la forme d’une larme ;

C’était un front de vierge avec des mains d’enfant ;

Il ressemblait au lys que sa splendeur défend ;

Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.

Il me montra l’abîme où va toute poussière,

Si profond que jamais un écho n’y répond,

Et me dit : — Si tu veux, je bâtirai le pont.

Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.

— Quel est ton nom ? lui dis-je. Il me dit : — La prière.

Victor Hugo. Jersey, décembre 1852

Le sourire au lépreux

Une léproserie. Au sens le plus navrant, le plus odieux du terme... des hommes qui ne font rien, auxquels on ne fait rien et qui tournent en rond dans leur cours, dans leur cage... des hommes seuls. Pis : abandonnés. Pour qui tout est déjà silence et nuit.

L’un d’eux pourtant, un seul, a gardé les yeux clairs. Il sait sourire, et lorsqu’on lui offre quelque chose, dire merci. L’un d’eux, un seul, est demeuré un homme.

La religieuse voulu connaître la cause de ce miracle. Ce qui le retenait à la vie... Elle le surveilla. Et elle vit que chaque jour, par dessus le mur si haut, si dur, un visage apparaissait. Un petit bout de visage de femme, gros comme le poing, et qui souriait. L’homme était là, attendant de recevoir ce sourire, le pain de sa force et de son espoir... Il souriait à son tour et le visage disparaissait. Alors il recommençait son attente jusqu’au lendemain.

Lorsque la missionnaire l’interrogea : « C’est ma femme, dit-il simplement. Avant que je vienne ici, elle m’a soigné en cachette. Avec tout ce qu’elle a pu trouver. Un féticheur lui avait fourni une pommade. Elle m’en enduisait chaque jour la figure... sauf un petit coin. Juste assez pour y poser les lèvres. Mais ce fut en vain. Alors, on m’a ramassé. Mais elle m’a suivi. Et lorsque chaque jour je la vois, je sais par elle que je suis vivant et je dis : Merci ! »

Raoul Follereau

Le testament du Prieur de Tibhirine

Deux ans avant les événements qui devaient lui coûter la vie, le père Christian de Chergé, prieur de Notre-Dame de l’Atlas, avait confié une enveloppe à sa famille. Ouverte après l’assassinat, elle a livré ce document d’une étonnante force spirituelle, rédigé au moment de la première « visite » du GIA au monastère.


Quand un A-DIEU s’envisage...

S’il m’arrivait un jour — et ça pourrait être aujourd’hui — d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNEE à Dieu et à ce pays. Qu’ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu’ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d’une telle offrande ? Qu’ils sachent associer cette mort à tant d’autres aussi violentes laissées dans l’indifférence de l’anonymat.


Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre. Elle n’en a pas moins non plus. En tout cas, elle n’a pas l’innocence de l’enfance. J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble hélas ! prévaloir dans le monde, et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint.


Je ne saurais souhaiter une telle mort. Il me paraît important de le confesser.


Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j’aime soit indistinctement accus de mon meurtre. C’est trop cher payer ce qu’on appellera, peut-être la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu’il soit, surtout s’il dit agir en fidélité à ce qu’il croit être l’islam.


Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l’islam qu’encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes. L’Algérie et l’islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme.


Je l’ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j’en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit-fil conducteur de l’Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Église, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans.


Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf et d’idéaliste : « Qu’il dise maintenant ce qu’il pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui Ses enfants de l’islam tels qu’il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l’Esprit dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.


Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout.


Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d’hier et d’aujourd’hui, et vous ô amis d’ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis !


Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet « A-DIEU » en-visagé de toi.


Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN ! Inch’Allah.

Alger 1er décembre 1993 ~ Tibhirine 1er janvier 1994

Christian

Les justes débordent de joie

Quiconque refuse obstinément les critiques

sera détruit soudain et de manière irrémédiable.

Lorsque les justes sont nombreux le peuple est heureux,

mais si un tyran a le pouvoir, le peuple gémit sous la misère.

Celui qui aime se conduire avec sagesse

donne de la joie à son père.

Qui fréquente les prostituées y laisse sa fortune.

Un roi assure la prospérité de son pays

lorsqu’il pratique la justice,

mais, s’il lève des impôts abusifs,

il le réduit à la ruine.

Quiconque flatte ses amis, place un piège sur son propre chemin.

Les méchants sont prisonniers de leurs propres fautes

tandis que les justes débordent de joie.

Le juste sait reconnaître le droit des pauvres,

le méchant n’a pas cette intelligence.

Les railleurs mettent une ville entière

en effervescence, les gens raisonnables apaisent

l’excitation des habitants.

Si un homme sensé est en procès avec un sot,

qu’il choisisse de se fâcher ou de rire,

il n’en sortira jamais.

Les hommes sanguinaires détestent les gens intègres,

mais les hommes loyaux recherchent leur compagnie.

Le sot donne libre cours à ses mouvements de colère,

l’homme sensé retient les siens et les calme.

Lorsqu’un chef prête attention à des mensonges,

tous ses subordonnés deviennent malhonnêtes.

Le pauvre et l’oppresseur ont un point commun :

le Seigneur leur a donné à tous deux

des yeux pour voir.

Livre des Proverbes 29,1-13