Décalogue de la sérénité

Rien qu'aujourd'hui, j'essaierai de vivre ma journée sans chercher à résoudre le problème de toute ma vie.

 

Rien qu'aujourd'hui, je prendrai le plus grand soin de me comporter et d'agir de manière courtoise ; je ne critiquerai personne, je ne prétendrai corriger ou régenter qui que ce soit, excepté moi-même.

 

Rien qu'aujourd'hui, je serai heureux sur la certitude d'avoir été créé pour le bonheur, non seulement dans l'autre monde mais également dans celui-ci.

 

Rien qu'aujourd'hui, je consacrerai dix minutes à une bonne lecture en me rappelant que, comme la nourriture est nécessaire à la vie du corps, de même la bonne lecture est nécessaire à la vie de l'âme.

 

Rien qu'aujourd'hui, je ferai une bonne action et n'en parlerai à personne. Rien qu'aujourd'hui, j'accomplirai au moins une chose que je n'ai pas envie de faire, et si on m'offense je ne le manifesterai pas.

 

Rien qu'aujourd'hui, je me plierai aux circonstances, sans prétendre que celles-ci cèdent à tous mes désirs.

 

Rien qu'aujourd'hui, j'établirai un programme détaillé de ma journée. Je ne m'en acquitterai peut-être pas entièrement, mais je le rédigerai. Et je me garderai de deux calamités : la hâte et l'indécision.

 

Rien qu'aujourd'hui, je croirai fermement - même si les circonstances attestent le contraire - que la providence de Dieu s'occupe de moi comme si rien d'autre n'existait au monde.

 

Rien qu'aujourd'hui, je n'aurai aucune crainte.

Et tout particulièrement je n'aurai pas peur d'apprécier ce qui est beau et de croire à la bonté.

 

Je suis en mesure de faire le bien pendant douze heures, ce qui ne saurait me décourager, comme si je me croyais obligé de le faire toute ma vie durant.

 

Saint Jean XXIII, pape (1881-1963)

Des jumeaux

Il était une fois des jumeaux nés de la famille Passion. Probablement étaient-ils les premiers jumeaux à naître dans l’histoire des hommes. D’apparence, ils avaient presque la même allure, mais, de l’intérieur, la différence entre eux était énorme. Pour cela, leurs parents leur avaient donné des prénoms dès leur jeune âge, bien qu’à l’époque, on ne donnât pas de prénoms aux enfants. L’un donc fut appelé « Passion A. » l’autre « Passion J. ».

Tous deux ont grandi ensemble. Passion A. faisait attention à tout ce qui l’entourait. Il regardait tout avec étonnement et admiration comme s’il le voyait pour la première fois. Passion J., lui, détestait tout. Rien ne lui faisait plaisir ; il voyait en tout imperfections, manques et défauts.

Passion A. éprouvait un attachement très fort. S’il voyait un malade, il souffrait atrocement ; s’il rencontrait un enfant heureux, il rayonnait de bonheur. Passion J. tout au contraire refusait tout, haïssait tout. De tout et de chacun, il disait : « Toi, tu n’existes pas ».

Passion A. entrait en relation avec les autres. Il sentait comme s’il avait besoin d’eux et qu’ils avaient besoin de lui. Passion J. cherchait l’isolement. Il avait l’impression que tout le monde lui voulait du mal.

Passion A. essaya de convertir son frère. Passion J. s’y essaya également. Comme leurs efforts à tous deux n’aboutissaient à rien, ils décidèrent de se séparer. Ils ne pouvaient plus vivre ensemble. Passion A. accepta la séparation, Passion J. la refusa. Il ne voulait pas laisser son frère tranquille. Il le poursuivait partout, il le calomniait, il essayait de détruire toutes ses œuvres en se faisant passer pour son frère. Et ce fut le temps de la confusion.

Depuis ces jours anciens, les hommes confondent systématiquement Passion A. et Passion J. Ils croient être les amis du premier, mais, en fait, c’est avec le second qu’ils ont tissé leurs liens intimes. Pourtant, les sages des siècles ont voulu bien distinguer les frères jumeaux. Ils ont supprimé leur nom de famille pour les appeler différemment. Ils ont appelé le premier : « Amour » et l’autre : « Jalousie ».

Et toi, cher lecteur, sais-tu distinguer tes passions ?

Sami Hallak. sj

Des traces sur le sable

Dans la nuit, j’ai eu un songe

J’ai rêvé que je cheminais sur la plage en compagnie du Seigneur

Et que, dans la toile de ma vie,

Se réfléchissaient tous les jours de ma vie.

J’ai regardé en arrière et j’ai vu qu’à ce jour,

Où passait le film de ma vie

Surgissaient des traces sur le sable

L’une était la mienne et l’autre était du Seigneur.

Ainsi nous continuions à marcher

Jusqu’à ce que tous mes jours fussent achevés.

Alors, je me suis arrêté et j’ai regardé en arrière.

J’ai retrouvé alors, qu’en certains endroits

Il y avait seulement une empreinte de pieds

Et ces lieux coïncidaient justement avec les jours

Les plus difficiles de ma vie,

Les jours de plus grande angoisse, de plus grande peur

Et de plus grande douleur.

J’ai donc interrogé :

Seigneur, tu as dit que tu étais avec moi

Tous les jours de ma vie

Et j’ai accepté de vivre avec toi

Mais pourquoi m’as-tu laissé seul dans les pires moments

de ma vie.

Et le Seigneur me répondit :

« Mon fils, je t’aime ; j’ai dit que je serai avec toi durant

Toute la promenade et que je ne te laisserai pas une seule minute,

Et je ne t’ai pas abandonné.

Les jours où tu as vu à peine une trace sur le sable

Furent les jours où je t’ai porté... »

Ademar de Borros. (Poète brésilien)

Désarmé, dépossédé

« Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer.

J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais maintenant, je suis désarmé.

Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur.

Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur.

C’est pourquoi je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur.

Si l’on se désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu-Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, lui, efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible. »

Patriarche Athénagoras.

«  La Guerre Sainte », Chemins d’Unité, p.128

Devant Toi, nous sommes mariés

Devant toi, nous sommes mariés.

Tu es un Dieu d’amour.

Tu aimes les époux qui s’aiment.

Donne-nous de nous aimer chaque jour d’avantage.

Il y a des jours où cela semble facile.

Mais il y en a d’autres où l’on a du mal

à se trouver l’un l’autre

et à vivre en confiance.

Qu’en nous regardant vivre,

nos enfants et d’autres voient

que l’amour existe et qu’il vient de toi.

Nous te prions pour nos enfants :

tu nous les as confiés pour qu’ils « grandissent »

et qu’ils te découvrent à travers nous.

Rends-nous attentifs aux engagements concrets :

que nous soyons au service des autres,

au travail et dans notre quartier...

Père, apprends-nous à aimer...

comme toi.

Prière citée dans « Le couple, textes non bibliques » (éditions de l’Atelier).

Dieu Amour, Dieu de Lumière

Dieu Amour, Dieu de Lumière,

Tu es comme un phare pour éclairer nos chemins, pour nous prévenir des récifs dans les tourments du quotidien.

Il est des jours, Dieu d’Amour, où, malheureusement, nous doutons de ta Lumière…

Nous vivons alors, petits, rétrécis, enfermés en nous-mêmes.

Pardon, Dieu d’Amour et de clarté, pour tous ces doutes !

Fais grandir notre confiance en Toi, en l’autre, en nous-mêmes.

Ouvre tout grand notre cœur.

Dissipe les zones d’obscurité, les barrières de toutes sortes.

Donne-nous ta tendresse et ton espérance.

Ta Lumière est en chacun de nous :

Nous sommes nés pour manifester ta gloire.

Amen

Anonyme

Donne-moi l'humour

Donne-moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer.

Donne-moi la santé du corps, aide-moi à la garder au mieux.

Donne-moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation.

Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir.

Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle moi.

Seigneur, donne-moi l’humour, pour que je tire quelque chose de cette vie et en fasse profiter les autres.

Amen.

St Thomas More.

Donne-moi la force de pardonner

Toi, Seigneur, tu m’invites à pardonner sans cesse.

Chaque jour, de nombreux événements,

de petits et de gros conflits,

de minuscules et d’énormes malentendus,

me lancent un appel.

Chaque jour retentit l’appel à pardonner.

Mais je n’en ai pas envie, Seigneur,

parce que j’ai l’impression de toujours plier

quand je pardonne.

J’ai l’impression d’être le plus faible,

celui qui n’a pas assez de colonne vertébrale

pour se tenir debout.

Puis je me souviens de toi sur la croix.

Il t’en fallait du courage et de l’amour pour dire :

« Père, pardonne-leur,

ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Donne-moi donc la force de pardonner sans cesse.

Car je sais, en regardant ta vie et ta mort,

que ce n’est pas de la faiblesse

de ne jamais refuser son pardon.

C’est de la force.

C’est la force de l’amour.

Prière canadienne.

Donner

Donner est un geste qui vient de Dieu ! Il est trop large pour naître de la limite humaine, il est trop parfait pour éclore de la faiblesse humaine. Donner est un geste qui prend sa source en Dieu. C’est un acte de genèse puisqu'en donnant, puisqu'en se donnant c’est toujours la vie qu'on donne. Donner est une création !

Donner est un geste qui vient de Dieu !

Car il faut la passion de Dieu pour rassembler ce qu'on possède, ramasser le meilleur grain, celui qu'on a engrangé pour soi, et s’en séparer et le livrer et le présenter dans la coupe de tendresse. Donner est une offrande.

Donner est un geste qui vient de Dieu !

Car il faut l’infinie patience de Dieu pour continuer chaque matin la distribution de tous mes biens de l’esprit et du corps et aussi du cœur et parce qu'il n’y a pas d’autre preuve du salut arrivé dans le monde que le don de soi inlassablement recommencé à l’image du Christ, né de Dieu.

Donner est une fidélité !

Donner est un geste qui vient de Dieu ! Car il faut la folie de Dieu pour se dépouiller sans rien garder et parce qu'il faut avoir tout dérangé dans l’esprit et le corps et aussi dans le cœur pour renverser les lois du marché et transmettre gratuitement, sans réclamer de récompense, sans regarder le mérite, un cadeau qui n’exige rien en retour et servi uniquement pour réjouir celui qui le reçoit dans ses mains.

Donner est une grâce !

Donner c’est naître aux manières de Dieu puisque donner est un geste qui vient de Dieu. Donner est une naissance !

Donner c’est attirer les regards sur la présence de Celui qui s’est donné, en premier, sans autre désir que la joie du monde !

Donner est un acte né de l’amour ! Ainsi jusqu’au bout des siècles, donner c’est prendre la suite de Dieu pour accrocher l’Étoile de Noël dans la nuit des hommes de tous les temps !

Anonyme

Dormir

On me dit qu'il y a des hommes qui ne dorment pas.

Je n’aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu.

Le sommeil est l’ami de l’homme.

Le sommeil est l’ami de Dieu.

Le sommeil est peut-être ma plus belle création.

Et moi-même je me suis reposé le septième jour.

Celui qui a le cœur pur dort.

Et celui qui dort a le cœur pur.

Ceux qui travaillent et qui ne dorment pas, je les plains.

Je leur en veux. Un peu.

Ils ne me font pas confiance,

comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère,

Ainsi ils ne se couchent point... innocents dans les bras de ma Providence.

Ils ont le courage de travailler, ils n’ont pas le courage de ne rien faire.

De se détendre, de se reposer. De dormir.

Pauvres enfants, ils suivent la sagesse humaine.

La sagesse humaine dit :

Ne remettez pas au lendemain ce que vous pouvez faire le jour même.

Et moi je vous dis :

Remettez à demain ces soucis et ces peines qui aujourd'hui vous rongent.

Et aujourd'hui pourraient vous dévorer.

Parce que d’ici à demain, moi, Dieu, j’aurai peut-être passé.

La sagesse humaine dit : Malheureux qui remet à demain.

Et moi je dis : Heureux qui remet à demain. Heureux qui remet.

C’est-à-dire : Heureux qui espère. Et qui dort.

Charles Péguy

"Le porche du mystère de la deuxième vertu."