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#031 Lundi matin 22/04/2019

"La mise au tombeau et les saintes femmes au tombeau", extrait du Psautier d'Ingeburg de Danemark (XIIIe s.), Musée Condé, Chantilly, France.
"La mise au tombeau et les saintes femmes au tombeau", extrait du Psautier d'Ingeburg de Danemark (XIIIe s.), Musée Condé, Chantilly, France.

Il est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

 

Chers amis,

 

Dans la lumière de Pâque, au terme de cette Semaine Sainte, je reviens vous partager quelques nouvelles.

 

Une Semaine Sainte marquée par la peine

Quelle semaine ! Je crois que je m'en souviendrai longtemps de cette Semaine Sainte 2019 ! Elle a commencé dans la peine : lundi dernier, mes parents m'apprenaient le décès de mon oncle, Bernard, petit frère de mon papa, à l'âge de 76 ans. Comme je l'avais malheureusement déjà expérimenté en 1998 avec le décès de ma grand-mère maternelle, alors que j'étais déjà au Cambodge, il est toujours difficile de vivre un décès familiale à distance, sans pouvoir être là pour ses proches dans la peine. On peut communiquer, on peut échanger, mais cela ne remplace pas la présence physique. Reste bien entendu la prière.

 

Autre peine, certes d'une toute autre nature, mais qui m'a aussi touché : je me suis réveillé mardi matin avec la nouvelle de l'incendie de Notre-Dame de Paris. Grâce à internet, j'ai pu me brancher sur les sites internet de BFM et de CNEWS pour suivre les événements en direct... Quelle tristesse ! J'admire le travail qui a été fait par les pompiers, car connaissant l'immensité du bâtiment, je n'imagine même pas ce que ça pouvait être de s'attaquer à un brasier d'une telle ampleur.

Quand je voyais la taille des flammes ! Finalement, je crois que ça aurait pu être bien pire ! Il reste maintenant à reconstruire, et la générosité qui s'est exprimée très rapidement va permettre de mener à bien ce projet, pour permettre aux générations futures de découvrir cette merveille dont nous sommes les héritiers et les transmetteurs. Depuis 850 ans, Notre-Dame émerveille les visiteurs, et aide les croyants à se tourner vers Dieu. Elle est aussi parfois le lieu de la conversion (comme pour Paul Claudel, le 25 décembre 1886) ! 

 

Personnellement, j'ai eu la chance en 2012 de vivre une visite "privée" de la cathédrale, au cours d'une session nationale de l'Aumônerie de l'Enseignement Public. En soirée, alors que la cathédrale était fermée au public, nous avons eu le plaisir de pouvoir déambuler à quelques-uns dans cette merveille. Ce fût aussi l'occasion de me recueillir sur la tombe d'un Mayennais qui est inhumé dans cette cathédrale, le Cardinal Emmanuel Suhard, ancien archevêque de Paris.

 

Les Cambodgiens ont aussi été impressionnés et touchés par cet événement. Avec plusieurs d'entre eux, j'ai expliqué que c'était un peu comme si le temple d'Angkor Wat, qui a été construit lui aussi au XIIe siècle, était touché par une catastrophe.

 

Bien entendu, les Français ont rapidement recommencé à faire ce qu'ils font malheureusement le mieux : polémiquer ! Alors que les braises étaient encore fumantes, certains ont commencé à s'offusquer de la croissance rapide du montant des dons, en les comparant aux dons versés pour d'autres causes. Personnellement, je suis très heureux que le secteur privé, les mécènes et donateurs privés versent largement pour la reconstruction de Notre-Dame, car cela force la main à l'État, dans lequel je n'ai qu'une confiance limitée concernant l'entretien et la restauration du patrimoine religieux (nous avons malheureusement de nombreux exemple d'églises ou de cathédrales qui ne sont pas bien entretenues par leurs propriétaires, communes ou état). De plus, en donnant par le biais de la Fondation "Avenir du Patrimoine à Paris", qui dépend de la Fondation Notre-Dame et donc de l'Église catholique, on donne à l'Église un poids dans le projet de reconstruction. Je suis extrêmement dubitatif sur la promesse des 5 ans pour reconstruire (je pense qu'on en aura au moins pour le double, si on regarde ce qui s'est passé pour la cathédrale de Nantes ou la basilique St Donatien, elle aussi à Nantes), et j'espère sincèrement qu'on reconstruira, si ce n'est à l'identique, au moins en s'abstenant de toute "création" hasardeuse, façon "Pyramide du Louvre" ! Le "pharaon" Mitterrand a voulu laisser sa marque au Louvre, il ne manquerait plus que le "Jupiter" Macron veuille laisser sa marque sur Notre-Dame !

 

 

Autre sujet, encore plus dramatique : le jour même de Pâques, nous avons appris les tragiques attaques dont nos frères du Sri Lanka ont été les victimes. Le visage hideux de la barbarie et de l'extrémisme s'est encore montré de la plus horrible des manières. Oui, être chrétien aujourd'hui, dans certains pays, c'est encore et toujours prendre le risque du martyre quand on va tout simplement à la messe, un dimanche de Pâques.

 

Triduum

Sur une note plus légère, j'ai donc vécu ma première Semaine Sainte et mon premier Triduum pascal à la paroisse Saint Joseph de Phnom Penh, où je réside. J'avais un moment envisagé d'aller dans différents lieux, mais en accord avec l'évêque il m'a semblé finalement plus ajusté de vivre cette unité du Triduum en un seul et même lieu. Vous trouverez ci-dessous quelques images de cette semaine.

 

Mardi Saint, je me suis joint à un petit groupe pour vivre un temps de lectio divina autour du récit des disciples d'Emmaüs. Le curé de la paroisse anime régulièrement, à domicile ou à la paroisse, des temps de lectio divina avec des petits groupes de chrétiens. C'est une nouveauté ici, et il souhaite que peu à peu les fidèles se saisissent de cette façon de partager et de prier avec la Parole de Dieu pour qu'elle pénètre toujours plus dans leurs vies.

 

Le Jeudi Saint, ici est marqué par le lavement des pieds. Ce rite donne lieu au Cambodge à différentes adaptations. Il faut dire qu'il y a ici un rite traditionnel de bénédiction qui consiste à verser de l'eau sur les mains, ou même sur toute la personne. Le jour du Nouvel An, par exemple, il m'a fallu m'asseoir avec l'évêque et d'autres "anciens" pour que les fidèles qui le voulaient puissent venir nous verser de l'eau sur les mains, en signe de bénédiction pour la nouvelle année. Il s'agit en fait d'un échange de bénédictions et de vœux, puisque quand la personne nous verse de l'eau sur les mains, nous utilisons un peu de cette eau pour la reverser sur sa tête en la bénissant. Pour le Jeudi Saint, plusieurs paroisses ont pris l'habitude de faire le lavement des pieds en une sorte de relais. Le prêtre lave les pieds de 12 personnes, qui vont ensuite laver les pieds de 12 autres personnes, et ainsi de suite : celui qui vient de se faire laver les pieds se lève de la chaise et se met à genoux pour laver les pieds d'un autre. J'ai trouvé cela symboliquement très beau, notamment quand cela se fait entre différentes générations.

 

Le Vendredi Saint, nous avons vécu en matinée le Chemin de Croix en extérieur. Très beau moment de recueillement.

 

La Veillée pascale était depuis plusieurs années toujours présidée par l'évêque ici. Cette année, il a fait le choix d'aller célébrer dans une petite communauté chrétienne, à la campagne, notamment pour célébrer les premiers baptêmes d'adultes issus d'une nouvelle implantation de l'Église. En ces fêtes pascales, sur l'ensemble du Cambodge, ce sont 294 baptêmes qui ont été célébrés ! Dans notre paroisse, il y a eu 4 baptêmes pendant la veillée pascale, présidée donc par le curé. Nous n'avons pas d'église assez grande, donc nous utilisons une église de toile que nous installons sur un grand espace vide qui sert ordinairement de parking.

 

Reprise du rythme normal

Pendant cette semaine, marquée à la fois par le Nouvel An khmer et ses 3 jours fériés, et par la Semaine Sainte, j'avais décidé de faire une pause dans les cours de khmer... mais dès ce lundi de Pâques, les choses reprennent leur cours ordinaire ! Enfin, pas tout à fait, puisqu'en cette semaine de l'Octave de Pâques, nous célébrons Pâques tous les jours !

 

Belle semaine à tous !