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#030 Lundi matin 15/04/2019

Chers amis,

 

En ce deuxième jour du Nouvel An khmer, permettez-moi de vous souhaiter une bonne année ! Ici, nous entrons dans l'année 2563 qui, selon la religion bouddhique khmère, est placée sous la protection de la déesse Tongsa Tevi (représentée ci-contre portée par Garuda). Dans l'horoscope khmer, qui est très proche de celui des Chinois, nous entrons dans l'année du Cochon...

 

Ces trois jours fériés sont l'occasion pour les Cambodgiens de retourner dans leur lieu d'origine pour retrouver leurs parents et toute leur famille. C'est ainsi l'occasion d'une immense transhumance entre Phnom Penh et les villes et villages de province, car comme pour Paris en France, un très grand nombre d'habitants de la capitale n'y sont pas nés et ont leurs racines à la campagne. En conséquence, pour visiter Phnom Penh, ces jours sont idéaux, car la circulation y est étonnement fluide !

 

Le Nouvel An khmer est marqué par ces réunions de famille, la visite et la prière à la pagode, où les moines bénissent les fidèles, les chansons et les danses, ainsi que les jeux traditionnels. C'est un beau moment de joie et de célébration, qui marque aussi la fin de la saison sèche et annonce l'arrivée prochaine de la saison des pluies... dont le pays a vraiment bien besoin, cette année particulièrement.

 

Nombreux sont les Cambodgiens qui ne bénéficient pas de congés payés (même si une loi accordant 1,5 jour de congé payé par mois de travail a été mise en place il y a quelques années, mais elle reste peu respectée), mais cela est un peu contre-balancé par le fait que le pays est peut-être le champion du monde des jours fériés, avec près de trente jours par an. Le Premier ministre a exprimé sont souhait de réduire le nombre des jours fériés (il a dit ne vouloir en garder que 20) pour augmenter la rentabilité de l'économie cambodgienne... espérons que cela ne se fera pas une fois de plus au détriment des droits des travailleurs les plus fragiles, et que cela s'accompagnera de l'application véritable de la loi sur les congés payés !

 

"Photo de famille" juste avant la Messe Chrismale. Sont présent la presque totalité des prêtres en service dans les 3 diocèses du Cambodge.
"Photo de famille" juste avant la Messe Chrismale. Sont présent la presque totalité des prêtres en service dans les 3 diocèses du Cambodge.

Messe Chrismale

Aujourd'hui dans le Diocèse de Laval aura lieu la Messe Chrismale, précédée par la traditionnelle rencontre des prêtres du diocèse, avec aussi les diacres permanents et leurs épouses. 

 

Au Cambodge, la Messe Chrismale a déjà eu lieu, mardi dernier, car le contexte est particulier et rend difficilement possible de la célébrer pendant la Semaine Sainte. En effet, il n'y a au Cambodge qu'un seul évêque ayant le pouvoir de consacrer le Saint Chrême. Il n'y a donc qu'une seule Messe Chrismale pour l'ensemble du pays, et cela demande à certains confrères de prendre trois jours : une journée pour venir, une journée sur place, et une journée pour rentrer... ce qui serait difficile à faire en pleine Semaine Sainte !

 

Certains se demandent peut-être pourquoi je dis qu'il n'y a qu'un seul évêque, alors que sur la photo ci-dessus vous apercevez trois mitres ! Petit rappel donc : le Cambodge est pour l'Église catholique un pays de mission, et son organisation hiérarchique n'est pas la même que celle d'un pays comme la France. Le Cambodge est composé de trois circonscriptions ecclésiastiques : le Vicariat apostolique de Phnom Penh, la Préfecture apostolique de Battambang et la Préfecture apostolique de Kompong Cham. Mgr Olivier Schmittaeusler, mep, est Vicaire apostolique de Phnom Penh et, à ce titre, a reçu l'ordination épiscopale. Il est donc pleinement évêque. Mgr Enrique Figaredo, sj, est Préfet apostolique de Battambang, et Mgr Antonysamy Susairaj, mep, est Préfet apostolique de Kompong Cham. Comme préfets apostoliques, ils ont "rang d'évêque", en assument la mission pour leur préfecture, et en portent les signes extérieurs (mitre, croix pectorale, anneau pastoral). Mais ils n'ont pas reçu l'ordination épiscopale. Ils n'ont donc pas le pouvoir d'ordonner des diacres ou des prêtres, ni de consacrer le Saint Chrême.

 

Dimanche des Rameaux et de la Passion - Semaine Sainte

Je n'oublie évidemment pas que nous sommes aujourd'hui le Lundi Saint et que nous sommes entrés hier, par le Dimanche des Rameaux et de la Passion de Notre Seigneur, dans la Semaine Sainte. Ici, les rameaux ne sont pas constitués de buis ou de laurier, comme en France, mais ils sont fabriqués à partir des feuilles d'un palmier. Des paroissiens et paroissiennes se sont rassemblés pendant deux jours pour fabriquer les 600 ou 700 rameaux nécessaires pour les différentes messes célébrées ce week-end dans la paroisse (1 messe francophone, 1 messe anglophone et 2 messes en cambodgien).

 

Comme dans le monde entier, la messe de la Passion est précédée par la procession des Rameaux, que nous commençons ici devant le columbarium où sont conservés les urnes funéraires de nos défunts. Cela m'a rappelé la procession des Rameaux de mon enfance, à Quelaines, qui démarrait au pied du grand calvaire, au milieu du cimetière. Je me revois encore processionner à côté de mon père, chantant le "Lauda Jerusalem Dominum" ! Ici la procession n'a pas lieu sur la voie publique, mais dans le terrain de l'église.

 

Pour la Semaine Sainte, je resterai à la paroisse de Phnom Penh où je suis, pour la vivre intégralement au même endroit et avoir une meilleure idée d'ensemble. 

 

Mon avenir au Cambodge

À l'issue de la Messe Chrismale, Mgr Olivier Schmitthaeusler a annoncé que j'étais nommé pour le reste de ma mission à l'endroit où je suis actuellement, c'est-à-dire le Secteur pastoral nord de Phnom Penh, sous la responsabilité du P. Chatsirei. En fait, à partir du mois de juillet, je serai plus particulièrement affecté à 3 églises de ce secteur pastoral, situées sur la rive gauche du Mékong, et accessibles par un bac, avec en particulier l'église d'Areyksat, à laquelle j'ai consacré un article sur ce site (à consulter ici). Nous en reparlerons évidemment ! Concrètement, cela veut dire que je partagerai mes semaines entre les deux rives du Mékong, passant peut-être 2 ou 3 jours à Phnom Penh, et les autres jours à Areyksat, Po Thom et Kdey Kandal.

 

Cette mission est belle et motivante, mais aussi un peu effrayante, car je n'ai pour le moment pas encore le niveau de khmer nécessaire pour la mener à bien ! C'est une raison de plus pour booster ma motivation et mon engagement dans ce travail aride de l'étude. Ce qui me rassure, c'est qu'avec cette nomination, je pourrai poursuivre mon travail avec mes professeurs de khmer (avec un changement d'organisation, bien sûr).

 

Encore et toujours je me confie à votre prière, tout en vous assurant de la mienne, en particulier au cours de cette Semaine Sainte.