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#024 Lundi matin 4/03/2019

Le patio du presbytère de la paroisse de l'Enfant-Jésus, à Boeung Tompun, dans le sud de la ville de Phnom Penh.
Le patio du presbytère de la paroisse de l'Enfant-Jésus, à Boeung Tompun, dans le sud de la ville de Phnom Penh.

Chers amis,

 

Cela fait maintenant 5 mois (déjà !) que je suis arrivé au Cambodge. Mercredi, nous allons entrer dans le temps du Carême... le calendrier liturgique est une aide précieuse pour habiter le temps et prendre conscience du temps qui passe...

 

Au cours de cette semaine, des cours, des rencontres, des célébrations... 

Rencontres avec des jeunes volontaires français

Depuis deux semaines maintenant, j'assure l'accompagnement d'un groupe de jeunes volontaires français venus servir au Cambodge pour quelques mois ou plusieurs années. Le confrère qui accompagne se groupe est parti en voyage d'études pour 4 semaines et m'a demandé de le remplacer. Concrètement, cela veut dire se retrouver tous les lundis pour une messe (en français), un temps d'enseignement et d'échange, et un dîner ! Ces jeunes sont tous engagés dans différents programmes principalement dans les domaines de l'éducation et de la santé. Ces rencontres sont très sympathiques, et j'apprécie de rendre ce service pour quelques semaines (cela s'arrêtera le 11 mars).

 

La seule ombre au tableau, c'est que ces rencontres ont lieu à la paroisse de l'Enfant-Jésus, à Boeung Tompun, un quartier au sud de Phnom Penh, et que cela m'oblige à traverser une bonne partie de la ville, à l'heure la plus chargée en terme de circulation... la première fois, cela m'a pris 1h15 !

 

Messe au CCSC

Mercredi dernier, je suis retourné au CCSC (Catholic Church Student Center - Centre des étudiants de l'Eglise catholique) pour célébrer la messe. J'avais déjà célébré deux fois, en anglais, dans ce foyer, mais pour la première fois j'ai célébré en khmer. J'ai accroché sur quelques mots, mais dans l'ensemble je crois que ça a été, même si je ne m'aventure toujours pas dans l'homélie.

 

Ce centre a été créé il y a une vingtaine d'années pour permettre à des jeunes étudiants issus de la province de venir étudier dans les universités et instituts d'études supérieures de Phnom Penh. En effet, ici il n'y a pas de cité U, ni de CROUS, et si vous n'avez pas assez d'argent pour louer un appartement, ou de la famille qui peut vous héberger, vous ne pouvez pas poursuivre vos études. De nombreux jeunes cambodgiens bouddhistes deviennent moines dans les pagodes de la capitale pour pouvoir poursuivre leurs études, et quittent ensuite la robe de moine une fois les études terminées (ce qui est tout à fait accepté, la vie monastique dans le bouddhisme khmer n'étant pas obligatoirement un engagement à vie).

 

Le foyer a commencé petitement, à la paroisse St Joseph, puis l'Église a fait l'acquisition d'un terrain et construit un bâtiment qui était, à l'époque, mitoyen de l'évêché (depuis, l'évêché a déménagé dans un autre quartier de la ville). Aujourd'hui, une cinquantaine d'étudiants et d'étudiantes venus de tout le pays réside dans ce foyer en poursuivant leurs études supérieures. Ils font aussi l'expérience d'une vie communautaire (ils assurent tous les services pour la vie de la maison, cuisine, ménage, linge...), d'une vie de prière, avec la messe toutes les semaines, des soirées de réflexion, de lectio divina, d'échanges... C'est vraiment un beau lieu pour tous ces jeunes qui ont conscience de la chance qui leur est offerte de pouvoir poursuivre leur formation dans des conditions optimales.

 

Rencontre avec le P. Bernard Berger

J'ai eu la joie de faire la connaissance du P. Bernard Berger, prêtre du diocèse de Saint-Denis (93), de passage au Cambodge pour quelques semaines. Le P. Berger a été prêtre fidei donum au Cambodge au début des années 1970. Il est arrivé dans un pays en guerre, et l'a servit pendant ces années terribles de la guerre civile jusqu'à l'expulsion avec les derniers occidentaux, en avril 1975. Il y a été curé de la cathédrale, en charge aussi de l'accueil des lépreux qui venaient se réfugier dans la capitale. Au moment du coup d'état, en 1970, la ville de Phnom Penh ne dépassait pas les 500 000 habitants. Peu à peu, au rythme de la progression des Khmers rouges, les gens sont venu se réfugier à Phnom Penh qui comptait, au moment de sa prise par les Khmers rouges, le 17 avril 1975, 2 millions d'habitants !

 

Depuis, il a fondé deux associations pour venir en aide à ce peuple qu'il aime tant : d'abord en France, une association (Accueil Cambodgien) pour venir en aide aux Cambodgiens qui arrivaient en France comme réfugiés et qui avaient les plus grandes difficultés à s'intégrer dans un pays et une culture si différents, encore traumatisés par les horreurs qu'ils avaient vécus. En 1998, cette association a aussi créé une association au Cambodge, l'A.J.A. (Association pour l'Animation de la Jeunesse), qui est à l'origine de la création de la première M.J.C. (Maison des Jeunes et de la Culture) du Royaume, à Kampot.

 

J'ai rencontré le P. Berger à la messe à la paroisse, et nos conversations, à la fois sur le passé et le présent du Cambodge, ont été très intéressantes. Samedi soir, j'étais invité à la rencontre qui avait lieu pour faire le point sur la situation des associations, en même temps que de célébrer le 20e anniversaire de la création de l'A.J.A., en présence du prince Sisowath Tesso et du secrétaire d'état chargé des actions en faveur de la jeunesse. Un beau moment, avec la présentation des actions de l'association, de son histoire, et des danses réalisés par des jeunes de Kampot, notamment une danse dont ils ont créé la chorégraphie, sur le thème de la culture du poivre (le produit phare de la région de Kampot).

 

Carême

Je vous laisse pour le moment en vous souhaitant une belle entrée en Carême. À bientôt !