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Benoît XVI | Fidei donum : 50 ans d'élan missionnaire

Le 5 mai, Benoît XVI a reçu en audience les participants à la rencontre du Conseil supérieur des Œuvres pontificales missionnaires et au Congrès mondial des Missionnaires Fidei donum qui a eu lieu à Rome du 8 au 11 mai dernier (voir encadré). Ces événements ont été organisés dans le cadre du 50e anniversaire de la Lettre encyclique Fidei donum de Pie XII (a). Dans le discours qu'il a prononcé, le Pape a rendu « grâce pour l'engagement missionnaire en cours » sans dissimuler pour autant « les difficultés qui apparaissent aujourd'hui dans ce domaine ».

 

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DES ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES  ET AU CONGRÈS MONDIAL DES MISSIONNAIRES "FIDEI DONUM"

Salle Clémentine - Samedi 5 mai 2007

Monsieur le Cardinal, 

vénérés frères dans l'épiscopat 

et dans le sacerdoce, 

chers frères et sœurs,

 

Je suis particulièrement heureux de vous rencontrer après la Célébration eucharistique solennelle présidée par Monsieur le Cardinal Ivan Dias, Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples. C'est à lui en premier lieu que va ma pensée cordiale, et je le remercie pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom. J'étends mon salut au Secrétaire et aux collaborateurs du dicastère missionnaire, aux prélats et aux prêtres présents, aux religieux, aux religieuses et à tous ceux qui ont pris part au Congrès qui s'est déroulé ces jours derniers pour commémorer le 50 anniversaire de la Lettre encyclique Fidei donum du Serviteur de Dieu le Pape Pie XII.

 

Cinquante ans se sont écoulés depuis que mon vénéré Prédécesseur, face à l'évolution des temps et à l'apparition sur la scène de l'histoire de nouveaux peuples et de nouvelles nations, avec une sagesse pastorale clairvoyante, comprit que s'ouvraient de nouveaux et providentiels horizons et itinéraires missionnaires pour l'annonce de l'Evangile en Afrique. C'est en effet à l'Afrique  en  particulier  que Pie XII pensait lorsque, avec une intuition prophétique, il imagina ce nouveau "sujet" missionnaire qui, des premiers mots de l'Encyclique, tira le nom de "Fidei donum". Il souhaitait encourager, à côté de formes traditionnelles, un nouveau type de coopération missionnaire entre les Communautés chrétiennes dites "anciennes" et celles qui venaient de voir le jour dans les territoires de récente évangélisation:  les premières étaient donc invitées à envoyer, pour aider les Eglises "jeunes" et révélant une croissance prometteuse, des prêtres afin qu'ils collaborent avec les Evêques du lieu pour un temps déterminé. Le Pape Pacelli écrivait:  "Considérant la foule innombrable de nos fils qui, spécialement dans les pays d'ancienne chrétienté, bénéficient des richesses surnaturelles de la foi et, par ailleurs, la foule plus innombrable encore de ceux qui attendent toujours le message du salut, nous voulons vous exhorter instamment, Vénérables Frères, à soutenir par votre zèle la cause sacrée de l'expansion de l'Eglise dans le monde. Dieu veuille qu'à Notre appel l'esprit missionnaire pénètre plus profondément au cœur de tous les prêtres et, par leur ministère, enflamme tous les fidèles!" (AAS XLIX 1957, p. 226).

 

Le but qui animait le vénérable Souverain Pontife était donc double:  d'une part, susciter en chaque membre du peuple chrétien une "flamme" missionnaire renouvelée et, de l'autre, promouvoir une collaboration plus consciente entre les diocèses d'ancienne tradition et les régions de première évangélisation. Au cours de ces cinq décennies, l'invitation de Pie XII a été répétée à plusieurs reprises par tous mes prédécesseurs et, grâce également à l'élan apporté par le Concile Vatican II, s'est multiplié le nombre de prêtres "fidei donum", partis aux côtés des religieux et des volontaires laïcs en mission en Afrique et dans d'autres régions du monde, parfois au prix de grands sacrifices pour leurs diocèses d'appartenance. Je voudrais ici exprimer mes remerciements particuliers à ces frères et sœurs, dont certains ont versé leur sang pour diffuser l'Evangile. L'expérience missionnaire, vous le savez bien, laisse un signe indélébile chez celui qui l'accomplit et contribue, dans le même temps,  à  nourrir  cette  communion ecclésiale qui fait sentir tous les baptisés membres de l'unique Eglise, Corps mystique du Christ. Au cours de ces décennies, les contacts et les échanges missionnaires se sont intensifiés, également grâce au développement et à la multiplication des moyens de communication, si bien que l'Eglise est arrivée au contact pratiquement de chaque civilisation et de chaque culture. D'autre part, l'échange de dons entre les communautés ecclésiales de fondation ancienne et récente, a constitué un enrichissement réciproque et a favorisé la croissance de la conscience d'être tous "missionnaires", c'est-à-dire tous impliqués, bien que de manière différente, dans l'annonce et le témoignage de l'Evangile.

 

Tandis que nous rendons grâce au Seigneur pour l'engagement missionnaire en cours, nous ne pouvons pas dans le même temps manquer de voir les difficultés qui apparaissent aujourd'hui dans ce domaine. Parmi elles, je me limite à souligner la diminution et le vieillissement du clergé dans les diocèses qui, autrefois, envoyaient des missionnaires dans des régions lointaines. Dans le contexte d'une crise diffuse des vocations, cela constitue assurément un défi qu'il faut affronter. Le Congrès organisé par l'Union pontificale missionnaire pour commémorer les 50 ans de Fidei donum, vous a permis d'analyser attentivement cette situation que vit aujourd'hui l'Eglise. Si nous ne pouvons pas ignorer les problèmes et les ombres, il faut toutefois tourner le regard vers l'avenir avec confiance, en conférant une identité renouvelée et plus authentique aux missionnaires "Fidei donum", dans un contexte mondial qui a indubitablement changé par rapport aux années 50 du siècle dernier. Si les défis lancés à l'évangélisation sont nombreux, nombreux sont aussi les signes d'espérance qui, de toutes les régions du monde, témoignent d'une encourageante vitalité missionnaire du peuple chrétien. Il faut surtout que ne manque jamais la conscience que le Seigneur, avant de quitter les disciples pour le Ciel, en les envoyant annoncer son Evangile dans tous les lieux de la terre, leur a assuré:  "Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28, 20).

 

Chers frères et sœurs, cette certitude ne doit jamais nous abandonner. Le Maître de la moisson ne fera pas manquer les ouvriers pour sa moisson si nous le lui demandons, avec confiance et insistance, dans la prière et dans l'écoute docile de sa parole et de ses enseignements. Je suis heureux, à ce sujet, de répéter l'invitation que Pie XII adressa aux fidèles de l'époque:  "Multiplions, en ces années peut-être décisives pour l'avenir du catholicisme en de nombreux pays - écrivait-il dans son Encyclique -, les messes célébrées aux intentions des Missions:  ces intentions sont celles même du Seigneur, qui aime son Eglise et la voudrait répandue et florissante en tous les lieux de la terre" (AAS, cit., p. 239). Je fais mienne cette exhortation, persuadé que le Seigneur, en répondant à nos incessantes requêtes, continuera de bénir avec d'abondants fruits apostoliques l'engagement missionnaire  de  l'Eglise.  Je  confie  ce souhait à Marie, Mère et Reine des Apôtres tandis que, de tout cœur, je vous donne à vous ici présents et à tous les missionnaires du monde, une Bénédiction apostolique particulière.