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Lepetitjournal.com | Le Prince Tesso Sisowath raconte : le Ballet Royal du Cambodge à Paris

Article de Leïla PELLETIER du 30/05/2018 pour lepetitjournal.com

 

Le Ballet Royal du Cambodge, en voyage en France en ce mois de mai, a présenté Métamorphoses (ou La dernière passion d’Auguste Rodin) sur la scène de la Philharmonie de Paris. Cette nouvelle création de la Princesse Norodom Buppha Devi rend hommage à la rencontre du sculpteur Auguste Rodin avec les divines danseuses cambodgiennes en juillet 1906 au théâtre du Pré Catelan à Paris. « Je les ai contemplées en extase (...). Quand elles partirent, je fus dans l'ombre et le froid, je crus qu'elles emportaient la beauté du monde. » Le Prince Tesso Sisowath, qui occupe le rôle d’assistant privé de la Princesse au sein du Ballet Royal, nous fait un retour sur cette expérience incroyable.

 Le Prince Tesso Sisowath et le Ballet Royal du Cambodge sur scène © Ballet Royal du Cambodge
Le Prince Tesso Sisowath et le Ballet Royal du Cambodge sur scène © Ballet Royal du Cambodge

Lepetitjournal.com Cambodge : Comment votre spectacle Métamorphoses a-t-il été accueilli par le public à Paris ? 

Prince Tesso Sisowath : Le Ballet Royal du Cambodge se rend régulièrement en tournée en Europe. Les spectacles, chorégraphiés par la princesse, sont toujours un événement très attendu. Les salles sont remplies partout où nous dansons. A la Cité de la Musique à Paris, les places étaient déjà toutes vendues cinq mois à l’avance. Nous avons un public fidèle, qui apprécie l’art khmer, et est curieux de découvrir les nouvelles créations et chorégraphies de la princesse. Les artistes ont longuement été applaudis, la princesse a été ovationnée lors de sa brève apparition à la fin du spectacle pour saluer et remercier le public d’être venu si nombreux.

 

Combien avez-vous compté de spectateurs ? 

La salle du Philharmonique à la Cité de la Musique comprend environ 1000 places et nous y avons dansé deux fois les 18 et 19 mai. Ce qui fait 2000 personnes. De nombreuses personnes n’ont pas pu venir puisqu’il n’y avait plus de places. Ces gens ont dû s’inscrire sur liste d’attente. Le Ballet Royal du Cambodge préfère danser dans des salles petites et moyennes, ceci pour permettre au public de pouvoir être près des danseuses cambodgiennes et mieux apprécier la beauté des gestes et la grâce des mouvements.

 

Quel a été le contact avec la diaspora cambodgienne ? Est-elle présente et impliquée ?

La diaspora cambodgienne fut nombreuse à venir voir les spectacles du Ballet Royal du Cambodge mais la grande majorité des spectateurs sont français ou européens.

 

Pouvez-vous faire un retour sur le festival Cambodge d’Hier et d’Aujourd’hui, qui met les arts et la culture cambodgienne à l’honneur ? Quelles sont vos impressions, quel est votre ressenti et celui des membres du Ballet Royal du Cambodge ?

Le Ballet Royal du Cambodge a toujours un grand plaisir à venir se produire en Europe car nous ressentons un véritable enthousiasme de la part du public pour les spectacles que nous présentons. Les artistes sont fiers de danser devant un public de connaisseurs. De plus, la diaspora cambodgienne, l’ambassadeur du Cambodge et l’ambassadeur de l’Unesco à Paris leur ont réservé un bel accueil en les invitant à des réceptions spécialement organisées en leur honneur.

 

Est-ce la première fois pour certains des membres du Ballet Royal qu’ils découvrent Paris ? Comment est l’expérience pour eux ?

Oui pour certaines jeunes danseuses comme Kessoan et Nalys qui tiennent les premiers rôles de ce spectacle, c’est la première fois qu’elles visitent Paris et l’Europe. Elles sont émues et curieuses, elles aiment faire un peu de tourisme lors de leurs journées de repos ainsi que du shopping. Elles sont également allées à Disneyland pour s’amuser après les spectacles.

 

Quel événement a le plus impressionné depuis le début du festival ?

Pour ma part, le défilé Haute Texture du créateur Éric Raisina du 17 mai ainsi que le concert Bangsokol : Un Requiem pour le Cambodge de M. Him Sophy et de M. Rithy Panh ont été les deux grands événements qui ont marqué ce festival, consacré aux arts khmers anciens et contemporains.

 

Quel sentiment choisiriez-vous pour exprimer ce partage des richesses culturelles du Cambodge à l'étranger et en particulier à Paris ? Que cela représente-t-il pour le pays et pour ses artistes ?

Je dirais que nous sommes fiers de pouvoir présenter les arts cambodgiens à l’étranger. Les artistes d’aujourd’hui, de la princesse aux photographes, des peintres aux musiciens, sont plein de talents qui valent la peine que nous déployons tous nos efforts pour qu'ils soient connus internationalement. 

Ce sont ces projets privés organisés par Cambodian Living Arts et Zaman Production qui font véritablement la promotion des artistes cambodgiens et de nos arts à l’international. Ils nous permettent de sortir des événements classiques organisés par le ministère de la Culture, qui participe principalement aux salons du tourisme ou à des célébrations officielles, et qui n’ont, à mon avis, que très peu d’impact sur la promotion d’une meilleure compréhension de notre culture à l’étranger.